Quand les géants de l’industrie pharmaceutique tirent profit de la pandémie
Les militants pour la santé publique au Royaume-Uni accusent Pfizer de profiter de la pandémie et d’arnaquer les systèmes publics de santé.
Le vaccin contre la COVID-19 de la compagnie Pfizer, inventé par BioNTech, a été financé par la Banque européenne d’investissement et le gouvernement de l’Allemagne.
Au Canada, les géants de l’industrie pharmaceutique avaient des rapports d’opposition avec le gouvernement libéral de Justin Trudeau, suite à des commentaires critiques du PM, selon lesquels les prix des médicaments étaient trop élevés et devraient être régulés.
La pandémie a changé la donne.
Les relations entre le gouvernement Trudeau et les géants de l’industrie pharmaceutique se sont considérablement réchauffées. Selon The Breach, les rencontres de lobbying entre les représentants du gouvernement et l’industrie ont augmenté de 80 %.
Le journaliste Nikolas Barry-Shaw, militant des échanges commerciaux et de la privatisation du Conseil des Canadiens, un groupe affilié à la Coalition canadienne de la santé, décrit une proposition mise de l’avant par l’Inde et l’Afrique du Sud, où les taux de vaccination sont très bas, et présentée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en octobre 2020, pour fournir des vaccins génériques, ainsi que d’autres produits médicaux et thérapeutiques pour combattre la COVID-19.
La voix du lobby pharmaceutique à Ottawa, Médicaments Novateurs Canada, qui représente Pfizer, Johnson & Johnson et AstraZeneca semble avoir convaincu le gouvernement Trudeau que passer outre les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) (TRIPS waiver en anglais) en suspendant temporairement les brevets à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) serait « … un pas vers l’incertitude et l’imprévisibilité » pour l’approvisionnement des vaccins dans le futur.
Ceux et celles qui observent l’industrie pharmaceutique d’un œil douteux indiquent que la pandémie a créé des profits faramineux pour les sociétés Pfizer-BioNTech, Moderna, Johnson & Johnson et AstraZeneca. Pfizer et Moderna notamment ont affiché des profits astronomiques, et ont vu plusieurs milliardaires surgir parmi leurs cadres et actionnaires. Entre-temps, la distribution inégale des vaccins aux pays à faible revenu a créé ce que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle « l’apartheid des vaccins ».
Selon le système actuel, certains pays pourraient ne pas recevoir leur lot de vaccins avant 2024. Ce délai, qui risquerait de prolonger la pandémie de trois ans, sans compter qu’encore plus de variants pourraient faire leur apparition, créerait une situation désastreuse.