Près de 40 % des employé.e.s du réseau québécois de la santé n’ont toujours pas terminé la formation obligatoire « Sensibilisation aux réalités autochtones », prescrite après la mort de Joyce Echaquan
Joyce Echaquan, une femme atikamekw de 37 ans, mère de 7 enfants, est morte d’insuffisance cardiaque le 28 septembre 2020 à l’hôpital de Joliette, à 70 km de Montréal, alors que le personnel infirmier l’insultait et ne lui prodiguait pas les soins dont elle avait besoin.
Dans son rapport d’enquête, la coroner Géhane Gamel a dit que sa mort était évitable et qu’elle constituait indéniablement un cas de racisme. Le personnel soignant s’est trompé de diagnostic en tenant pour acquis qu’elle était en sevrage de drogue, alors qu’elle avait un historique de problèmes cardiaques.
La mort de Joyce Echaquan, dont le décès a été diffusé en direct sur Facebook par la défunte, a provoqué une onde de choc au Québec, et au Canada. Alors qu’elle se filmait, Mme Echaquan disait souffrir de douleurs au ventre et appelait au secours. Dans la vidéo, on entend une infirmière crier à Mme Echaquan qu’elle « était une « hostie d’épaisse de tabarnak » «mieux mort[e]» et qu’elle est « bien meilleure pour fourrer que d’autres choses », « surtout que c’est nous autres qui paie pour ça », alors que la patiente venait de chuter de sa civière. Joyce Echaquan a été laissée attachée sans surveillance durant 40 minutes, alors qu’on venait de lui administrer un calmant par injection.
Cette infirmière et une autre ont été congédiées. Dans son témoignage, l’une d’entre elles a invoqué la surcharge de travail et le stress que vivent les infirmières et les infirmiers à l’hôpital et cette dernière s’est excusée de son comportement envers Mme Echaquan.
Dans les semaines qui ont suivi ce décès médiatisé, le ministre de la Santé a ordonné une formation obligatoire pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs du réseau, afin de les sensibiliser aux réalités des Premières Nations.
En date du 30 septembre 2022, le Québec n’avait pas atteint sa cible de former la totalité des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services sociaux quant aux réalités autochtones. Selon La Presse, quarante pour cent des employé.e.s du réseau n’ont toujours pas terminé la formation obligatoire, prescrite après la mort de Joyce Echaquan.
Toujours selon La Presse, la formation « Sensibilisation aux réalités autochtones » contient deux modules, l’un de 60 minutes, intitulé « Histoire et peuplement », et un autre, de 30 minutes, sur les « Pratiques à adopter ». L’anthropologue abénaquise Mme Nicole O’Bomsawin a participé à l’élaboration du programme, qui se suit en ligne.
Chez les Atikamekw de Manawan, dans Lanaudière, le sort réservé à Joyce Echaquan a ravivé les mauvais souvenirs et a fait naître, chez certain.e.s, un désir de briser le silence, selon Le Devoir. Au total, 13 membres des trois communautés atikamekw du Québec — Manawan, Obedjiwan et Wemotaci — ont accepté de partager leurs histoires avec Le Devoir. Certains de leurs récits ont déjà été médiatisés.
La Coalition canadienne de la santé a diffusé un webinaire sur le racisme dans les soins de santé et la meilleure façon de l’éliminer avec le premier président autochtone de l’Association médicale canadienne, le Dr Alika Lafontaine.
Voici les cinq objectifs de la Coalition canadienne de la santé :
- Augmenter le financement et l’application de la Loi canadienne sur la santé
- Mettre en œuvre un régime d’assurance-médicaments
- Légiférer sur des normes nationales exécutoires pour les soins de longue durée.
- Arrêter la privatisation et éliminer le profit généré par les soins de santé, y compris les soins de longue durée.
- Éliminer le racisme systémique dans les soins de santé.