Pharmaprix (Shoppers) veut créer 250 cliniques pharmaceutiques privées à but lucratif d’ici à 2025
Selon un reportage d’enquête du Globe and Mail la société Loblaw, propriétaire de Pharmaprix et Shoppers, de Burlington, en Ontario, veut devenir l’un des plus grands fournisseurs de soins de santé au Canada. Outre la vente de médicaments sur ordonnance, Pharmaprix (le nom que porte la compagnie Shoppers au Québec) propose déjà des vaccins pour les voyageurs, des dépistages du cholestérol et des consultations avec des pharmaciens.
La société souhaite mettre en place des centaines de « Shopper’s Health Clinics » dans ses magasins, à l’instar de ce qui se fait déjà en Ontario, où les pharmaciens prescrivent et vendent des médicaments pour 19 maladies mineures. Presque toutes les provinces ont accordé des pouvoirs supplémentaires aux pharmaciens, mais l’étendue de ces pouvoirs varie considérablement.
Jason MacLean, président de la Coalition canadienne de la santé, se demande s’il faut confier de telles responsabilités à des entreprises à but lucratif comme Shoppers, qui appartient à Loblaw.
« Nous allons avoir une entreprise qui a été impliquée dans un scandale de fixation des prix et qui a été boycottée de manière très efficace par des centaines de milliers de consommateurs en raison des prix abusifs de l’épicerie », explique M. MacLean. « C’est à elle que nous allons faire confiance pour nous fournir des soins de santé dans notre meilleur intérêt ? Leur seul intérêt est le profit ».
L’opposition se dessine également parmi les médecins.
Pharmacist ≠ Physician. Full stop. @ONgov needs to address the root causes instead of applying band-aid solutions that benefit large corporations over patients.
— Ontario Medical Association (@OntariosDoctors) August 14, 2024
Listen as Dr. @DominikNowakMD explains why everyone in Ontario should be demanding a family doctor. #onhealth. pic.twitter.com/E2XxIRMeKv
La stratégie de Loblaw est d’étendre son rôle dans le système de santé canadien, suite à l’acquisition en 2014 de Shoppers Drug Mart Corp. Loblaw a également investi dans la télémédecine, les cliniques de physiothérapie et la tenue de dossiers médicaux électroniques, dans le but de tirer profit des lacunes du système public médical canadien.
Jeff Leger, président de Shoppers Drug Mart et pharmacien lui-même, déclare : « Il y a un manque d’accès aux médecins… Les gens se tournent donc vers les pharmaciens et d’autres professionnels pour combler ces lacunes ».
L’expansion de Loblaw dans le secteur de la santé a donné lieu à des abus – ses propres pharmaciens ont déclaré se sentir poussés à privilégier les profits au détriment des soins aux patients.
Plus tôt cette année, une entente conclue avec la Financière Manuvie pour la livraison exclusive de certains médicaments spécialisés a soulevé un tollé, ce qui a amené Manuvie à se rétracter. Depuis, Loblaw s’efforce de rétablir la confiance des consommateurs et des patients.
L’entreprise prévoit d’ouvrir davantage de cliniques de soins pharmaceutiques, l’objectif étant d’atteindre 250 établissements d’ici à 2025.
Selon M. Leger, les pharmaciens peuvent prendre en charge entre 40 et 70 % des tâches traditionnellement gérées par les médecins, ce qui positionne Loblaw comme un acteur clé dans le domaine des soins de santé.