Pas de temps pour le sabotage : Mettre fin à l’impasse fédérale-provinciale relative aux dépenses de santé
Avec l’échec des pourparlers entre le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires à Vancouver la semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau dit considérer des ententes de financements individualisées avec les provinces.
Selon Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales, qui représente la circonscription de Beauséjour au Nouveau-Brunswick, le gouvernement fédéral serait enthousiaste de signer une entente avec le Nouveau-Brunswick, tel que rapporté dans le Telegraph-Journal le 14 novembre.
La semaine dernière, pendant qu’il était dans la province pour une cérémonie du jour du Souvenir, LeBlanc a eu une rencontre avec Justin Trudeau et le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs.
Selon LeBlanc, Higgs n’est pas un des premiers ministres conservateurs réticents au financement assorti de conditions, y compris l’exigence que les provinces mettent en place de meilleurs systèmes de collectes de données et utilisent davantage les indicateurs communs de santé.
« Si le premier ministre Higgs nous disait qu’il voulait conclure une entente bilatérale, je crois que nous serions ravis de nous rendre rapidement à Fredericton », souligne LeBlanc.
Or, Higgs ne semble pas tellement enthousiaste à rompre les rangs avec les autres premiers ministres, et a mentionné aux journalistes la semaine dernière qu’il espérait encore une entente avec toutes les provinces.
Le Nouveau-Brunswick a une histoire très récente de faire bande à part en ce qui regarde les ententes en santé conclues avec le gouvernement fédéral.
En 2016, le premier ministre libéral Brian Gallant, a signé une entente avec le gouvernement Trudeau, et a reçu 230 millions $ de plus en financement pour les soins à domicile et les services de santé mentale. Le Nouveau-Brunswick avait aussi eu l’option d’adopter les conditions d’une entente bilatérale plus généreuse si une telle entente était conclue avec une autre province.
« Aucun progrès accompli », affirment prématurément les premiers ministres par rapport à une entente en santé
La semaine dernière à Vancouver, les pourparlers entre les ministres de la Santé fédéral, provinciaux et territoriaux se sont rompus lorsque les premiers ministres du Canada ont diffusé un communiqué de presse disant « aucun progrès accompli » pendant que leurs ministres de la Santé étaient encore en pourparlers avec Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé.
Le communiqué de presse des premiers ministres a, au mieux, servi de distraction à ce qui était à l’ordre du jour de la rencontre des ministres de la Santé. Pendant des mois, les ministres ont débattu un plan d’action en matière de ressources humaines en santé, mais la réunion a pris fin sans que les parties approuvent de donner suite à ce plan.
Les provinces veulent que le gouvernement fédéral augmente a 35 % sa contribution aux dépenses de santé. Cette année, Ottawa versera environ 45 milliards $ aux provinces par l’intermédiaire du Transfert canadien en matière de santé. Les provinces veulent 28 milliards $ de plus par année. De son côté, le gouvernement fédéral a dit qu’il augmenterait le Transfert canadien en matière de santé versé aux provinces annuellement, si les provinces mettaient en place de meilleurs systèmes de collectes de données sur les résultats par rapport à des éléments particuliers, par exemple les délais d’attente pour les chirurgies ou les services de santé mentale, ou le nombre de personnes jumelées à un médecin de famille.
L’hiver est arrivé
« L’hiver est à nos portes. Sans clarté ni candeur de la part des leaders, et sans quelques mesures urgentes et peu contraignantes pour mitiger la propagation de multiples virus dans un avenir rapproché, la population canadienne devra faire face à l’éventualité de disruptions encore plus fréquentes dans les services de santé, ainsi qu’aux répercussions à long terme de l’exode continu de travailleurs de la santé démoralisés », écrivaient Fahad Razak, Katharine Smart, Alika Lafontaine, Arthur Slutsky et David Naylor dans le Globe and Mail du 16 août 2022.
Trois mois plus tard, et avec la rupture des pourparlers entre les ministres de la Santé, la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et infirmiers et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada étaient consternées par l’absence de progrès pour régler la crise dans le secteur de la santé. On peut lire dans leur déclaration commune : « Le personnel infirmier de partout au Canada est épuisé et soumis à un stress important alors qu’il fait face à des pressions sans précédent qui l’ont poussé bien au-delà du point de rupture. »
Le 12 novembre, le Dr Alika Lafontaine, président de l’Association médicale canadienne a écrit dans un gazouillis : « L’hiver est arrivé. »
Stopper l’hémorrhagie de travailleurs de la santé n’a jamais été aussi urgent car les enfants malades sont en train d’engorger les hôpitaux partout au pays.
Comme l’ont mentionné les infirmières et les infirmiers aux ministres la semaine dernière : « Les divergences politiques doivent être mises de côté afin de prioriser les besoins des patients et des travailleurs. »