#OrpeaGate
ORPEA : la multinationale française des soins de longue durée, financée par nos pensions canadiennes, fait l’objet d’une enquête pour maltraitance des personnes âgées et détournement de fonds publics
Orpea est détenue à 15 pour cent par l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), qui détient également deux sièges à son conseil d’administration.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui est membre de la Coalition canadienne de la santé, demande aux caisses de retraite canadiennes de cesser de financer la souffrance et les abus dans le secteur des soins de longue durée, en plus de réclamer la fin des soins à but lucratif.
« Nous refusons d’accepter que la négligence de nos parents, de nos grands-parents et de nos proches soit le prix à payer pour faire des affaires. Nous savons que ce problème ne sera pas résolu tant que nous n’aurons pas éliminé la notion de profit des soins de longue durée en les rendant publics », a déclaré le président national du SCFP, Mark Hancock.
Selon le Centre for International Corporate Tax Accountability and Research (CICTAR) le plus grand exploitant d’établissements de soins de longue durée en Europe, Orpea, a bâti un empire immobilier tout en faisant face à des allégations de maltraitance des personnes âgées et de détournement de fonds publics.
M. Hancock a rappelé qu’Orpea n’est pas le seul exploitant de soins de longue durée peu recommandable financé par les caisses de retraite canadiennes.
En 2020, on a appris que Revera, le deuxième fournisseur privé de soins de longue durée au Canada était entièrement détenu par le Régime de retraite de la fonction publique. Revera a enregistré près de deux fois plus de décès dus à la COVID-19 que la moyenne dans le secteur, en plus de récolter d’énormes bénéfices, et d’utiliser des stratégies agressives pour éviter de payer ses impôts.
« De toute évidence, nous ne parlons pas d’une seule pomme pourrie », a lancé Mark Hancock.
Le nouveau rapport conjoint du CICTAR, du Congrès général du travail (CGT) et de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) dévoile les 40 filiales luxembourgeoises qu’utilise Orpea pour développer son portefeuille immobilier sans tenir compte des soins à la clientèle.
Il fait suite à un livre du journaliste français d’enquête Victor Castanet, qui s’intitule Les fossoyeurs : révélations sur le système qui maltraite nos aînés, faisant état d’allégations de négligence de résidentes et résidents d’Orpea et de rationnement de produits alimentaires et d’incontinence.
Le gouvernement français a ouvert des enquêtes sur les mauvais traitements infligés par Orpea à sa clientèle et à son personnel, ainsi que sur ses pratiques financières.
Selon le SCFP, il a été démontré que, durant la pandémie, le taux de mortalité était plus élevé dans les établissements de soins de longue durée à but lucratif, tout comme le nombre de plaintes fondées, et que les normes de soins y étaient plus basses. La dotation en personnel dans les établissements à but lucratif était plus restreinte, ce qui a des effets néfastes sur la santé des résidentes et résidents, notamment par un repositionnement inadéquat, moins d’aide à la toilette et des taux plus élevés d’ulcères de pression, de fractures, d’infections respiratoires et de chutes nécessitant une hospitalisation.
« La clientèle des établissements de soins de longue durée a subi des préjudices et une négligence inacceptables pendant la pandémie en raison des réductions de coûts imposées par des entreprises multinationales qui ne se soucient que du profit. Or, les Canadiennes et les Canadiens financent ces abus sans le savoir lorsque leur revenu de retraite est investi dans ces stratagèmes cruels. C’est inimaginable, mais malheureusement vrai », a résumé la secrétaire-trésorière nationale du SCFP, Candace Rennick.
Tout au long de la pandémie, le SCFP a demandé au gouvernement fédéral d’améliorer les soins de longue durée en les assujettissant à la Loi canadienne sur la santé.
Fondé en 1989 et établi à Paris, ORPEA est l’un des principaux fournisseurs européens de maisons de soins infirmiers et de cliniques de soins de suite, de réhabilitation et de soins psychiatriques. ORPEA dispose d’un réseau européen d’établissements de santé en France, en Belgique, en Espagne, en Italie et en Suisse.
À propos de l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada
L’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC) est un organisme de gestion professionnelle de placements qui investit, pour le compte de 18 millions de cotisants et de bénéficiaires canadiens et québécois, les fonds dont le Régime de pensions du Canada (RPC) n’a pas besoin pour verser les prestations courantes de retraite. Afin de diversifier le portefeuille du RPC, l’OIRPC investit dans des actions de sociétés cotées en bourse et de sociétés fermées, des biens immobiliers, des infrastructures et des titres à revenu fixe. L’OIRPC, dont la gouvernance et la gestion sont distinctes de celles du RPC, n’a pas de lien de dépendance avec les gouvernements. Il a son siège social à Toronto et compte des bureaux à Londres et à Hong Kong.