Monique Bégin, défenseure visionnaire de l’équité en matière de soins de santé et leader féministe, est décédée
Leader brillante et partisane de la justice sociale, Monique Bégin était une alliée et une amie de la Coalition canadienne de la santé. Selon un communiqué de presse de sa famille, l’honorable Monique Bégin est décédée paisiblement à Ottawa le 8 septembre 2023, après avoir reçu des soins palliatifs. Elle avait 87 ans.
« Monique Bégin était une défenseure acharnée des soins de santé financés et dispensés par l’État au Canada », a déclaré la présidente de la Coalition canadienne de la santé, Pauline Worsfold, infirmière autorisée. « Elle avait également un sens de l’humour décapant et un sens profond de la justice pour toutes les personnes vivant au Canada. Qu’elle repose en paix. »
« Sans Monique Bégin au sein du cabinet de Pierre Trudeau, il n’y aurait pas eu de Loi canadienne sur la santé ni de régime d’assurance-maladie », a déclaré Mike McBane, ancien coordonnateur national de la CCS. « Elle n’a jamais abandonné ses principes et avait la joie de vivre! Merci, Monique, d’avoir imaginé un Canada meilleur et d’avoir travaillé à sa réalisation. »
La Loi canadienne sur la santé, adoptée en 1984, définit l’objectif principal de la politique canadienne en matière de soins de santé, qui est de « protéger, promouvoir et rétablir le bien-être physique et mental des résidents du Canada et de faciliter un accès raisonnable aux services de santé, sans obstacle financier ou autres. »
Kathleen Connors, ancienne présidente du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé, qui vit aujourd’hui à St. John’s (Terre-Neuve) explique que Monique Bégin s’est attaquée aux puissants opposants à la Loi canadienne sur la santé au sein du caucus libéral.
« Monique a reconnu que l’assurance-maladie allait toujours être attaquée par des intérêts à but lucratif. Elle a gardé le courage de ses convictions et de sa croyance en la justice sociale et l’équité, et elle a continué à avancer. Elle s’est engagée à respecter les cinq principes de la Loi canadienne sur la santé : l’universalité, la transférabilité, l’accessibilité, l’administration publique et l’exhaustivité. »
Monique Bégin était également présente lors de la première conférence SOS Medicare de la Coalition canadienne de la santé — la conférence fondatrice de la CCS à Ottawa en 1979. Voici ce que Mme Bégin a dit de la lutte pour mettre en place la Loi canadienne sur la santé lors d’un discours en 2007 :
« … après quatre autres longues et douloureuses années, souvent amères et vicieuses, la Loi canadienne sur la santé (1984) a été adoptée à l’unanimité par la Chambre des communes.
Pourquoi a-t-elle été adoptée? Pour une raison très simple : le public le voulait. Et grâce aussi au soutien de groupes comme la Coalition canadienne de la santé… »
Mme Bégin lance également la politique de dévolution des services de santé aux communautés des Premières Nations et crée un programme de développement pour leurs professionnels de la santé.
Elle a été élue à la Chambre des communes en 1972, devenant ainsi l’une des trois premières femmes québécoises (avec Jeanne Sauvé et Albanie Morin) à être élues à la Chambre des communes.
Dans ses mémoires intitulées « Ladies, Upstairs! » Mme Bégin décrit le sexisme omniprésent dans la vie publique canadienne du point de vue d’une outsider fougueuse et candide.
Née à Rome, en Italie, le 1er mars 1936, d’un père canadien et d’une mère flamande, elle est arrivée au Canada en tant que réfugiée après la Seconde Guerre mondiale. Elle était l’aînée d’une famille nombreuse qui s’est installée dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce de Montréal.
Mme Bégin a commencé ses études en 1942 à l’école de quartier de NDG, avant d’obtenir un baccalauréat et une maîtrise en sociologie à l’Université de Montréal et de poursuivre des études doctorales à l’Université de Paris (Sorbonne).
En 1966, elle est signataire de la charte fondatrice de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), dont elle est la première vice-présidente. En 1967, elle est nommée secrétaire générale de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada, qui publie son rapport en 1970.
En 1972, elle devient députée libérale et, en 1976, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau la nomme ministre du Revenu national (1976-1977), puis ministre de la Santé nationale et du Bien-être social (1977-1979 et 1980-1984). Au sein du gouvernement, elle a marqué les esprits par sa vision et sa conscience sociale.
Sociologue passionnée, elle a créé le crédit d’impôt pour enfants et s’est fait la championne de la législation visant à augmenter le supplément de revenu garanti.
Après douze ans de politique fédérale, elle retourne à l’enseignement et au monde universitaire, devenant la première titulaire de la chaire conjointe d’études féminines à l’Université d’Ottawa et à l’Université Carleton (1986-1990), puis doyenne de la faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa (1990-1997).
Un dernier hommage sera rendu à Mme Bégin lors d’une cérémonie commémorative publique qui aura lieu le 2 novembre au Tabaret Hall de l’Université d’Ottawa, situé au 550, rue Cumberland à Ottawa.
Photo de couverture : Monique Bégin, ministre de la Santé nationale et du Bien-être social, et le juge Emmett Hall. Avec l’aimable autorisation de Monique Bégin. Du Musée national d’histoire.