Les travailleuses et travailleurs aux premières lignes parlent au ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos
Quelque 300 personnes ont assisté à une table ronde par vidéoconférence, organisée par l’UIES et portant sur des enjeux liés aux soins de santé. Elle était présidée par Sharleen Stewart, présidente de l’UIES, section santé et des travailleuses et travailleurs de première ligne et le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos y participait. La table ronde a été diffusée en direct sur Facebook et Twitter le jeudi 10 mars 2022 et elle peut être visionnée ici :
Les participant.e.s à la table ronde étaient :
- Jackie Walker, infirmière auxiliaire autorisée et présidente de la section des infirmières de l’UIES, Toronto
- Kelly Stevenson, préposée aux bénéficiaires, secteur des soins de longue durée, Toronto
- Jodi Berber, préposée aux bénéficiaires, soins à domicile, Toronto
- Andy Brake, agent d’intervention d’urgence, secteur hospitalier, Sarnia, ON
- Sharleen Stewart, présidente du secteur de la santé, UIES, Toronto
- L’honorable Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé du Canada
- Michael Coteau, député provincial libéral de Don Valley East, Toronto
Le ministre a commencé en s’adressant aux participants pour leur dire que son message en était un de gratitude pour leur travail pendant la pire crise en soins de santé que le Canada ait vécu depuis un siècle.
Voici un résumé de quelques commentaires de la part des participants qui œuvrent tous dans le système de santé en Ontario :
JACKIE : « Comme infirmière, j’ai très peur des conséquences pour notre système de santé si nous n’avons pas de stratégies de recrutement et de rétention du personnel. J’entends que le personnel infirmier entre dans le système, mais ne veut pas y rester. Des infirmières et infirmiers aguerris quittent, parce que nous les respectons qu’avec des paroles, mais pas avec de l’action. Que peut faire le Canada pour appuyer le recrutement et la rétention du personnel infirmier et d’autres travailleuses et travailleurs de la santé? »
JODI : « Nous sommes les femmes qui se sont occupées des Canadiens et des Québécois pendant cette pandémie. Beaucoup trop d’entre nous gagnent des salaires de crève-faim. En 2019, le seuil de la pauvreté à Toronto se situait à 49 000 $ pour une famille de quatre personnes. Ces coûts ont encore plus augmenté cette année. Le premier ministre Ford refuse de nous sortir de la pauvreté et d’accorder aux travailleuses et travailleurs de la santé, comme les PAB, un salaire qui leur permet de vivre. Quand vous vous trouverez en face de lui à la table de négociation, pouvons-nous compter sur vous pour que nos conditions de travail constituent un élément central de votre discussion sur le Transfert canadien en matière de santé?
KELLY : « Notre syndicat a perdu cinq membres pendant la pandémie, car elles se sont présentées au travail pour aider les autres. Elles étaient toutes des femmes racisées. En tant que mère noire et préposée aux bénéficiaires, je vis tous les jours de la discrimination systémique au travail. Comment le gouvernement fédéral peut-il défendre des femmes comme moi quand notre gouvernement provincial et nos employeurs se comportent comme si nous étions jetables? »
ANDY : « À titre d’agent de sécurité dans un hôpital, je vois ce que c’est de travailler dans des conditions dangereuses. Je vois des actes de violence. J’entends des cris à l’aide de la part des patients et des travailleuses et travailleurs. Ces cris et images sont gravés dans ma mémoire. La plus grande menace à notre sécurité dans les hôpitaux est le niveau de dotation dangereusement bas. Ce manque de personnel nuit à la confiance du public vis-à-vis notre système de santé universel. Que pouvons-nous faire pour protéger notre système contre la privatisation et investir dans des emplois sécuritaires? »
À environ 53 :07 minutes, le ministre Duclos a répondu à une question au sujet du financement provenant du gouvernement du Canada aux provinces et territoires.
« Les gouvernements doivent faire preuve de transparence et se concentrer sur les résultats et la responsabilité — c’est la seule façon que les gouvernements peuvent collaborer… Sinon, cela engendre de la frustration, de la confusion et de la colère de la part des travailleuses et travailleurs de la santé et des Canadiens et Québécois en général. Soyez certains que c’est de cette façon que nous allons procéder dans notre travail avec toutes les provinces et tous les territoires. »
Selon Jackie Walker, infirmière auxiliaire autorisée et présidente de la section des infirmières de l’UIES, ce que le ministre a dit au sujet de la responsabilité est très important pour le syndicat.
« Le gouvernement Ford n’a pas été un bon gestionnaire des transferts pour la santé provenant du gouvernement fédéral. Lors de la pandémie, les paiements spéciaux n’ont pas été accordés à plusieurs travailleuses et travailleurs aux premières lignes, laissant la tâche aux syndicats de faire pression, de se rallier et d’envoyer des milliers de lettres, en plus de faire des centaines d’appels téléphoniques pour que ces paiements soient versés à un plus grand nombre de travailleuses et de travailleurs de la santé. Le premier ministre Doug Ford n’a à aucun moment informé les Ontariens que 70 % ou plus des fonds pour la pandémie provenaient du fédéral. Ce sont les syndicats qui en ont informé leurs membres. »
Pour empirer les choses, mentionne Mme Walker, les médias ont récemment indiqué que des milliards de dollars croupissaient dans les coffres des soins de santé en Ontario.
« Je ne comprends pas qu’après une pandémie, nous ayons des fonds qui n’ont pas été utilisés », dit Mme Walker. « Si ces fonds proviennent du fédéral, les Ontariens devraient en être informés. Le fédéral devrait le savoir. Le gouvernement de l’Ontario devait être suffisamment responsable et nous dire d’où proviennent ces fonds, et à quoi le gouvernement les dépense. Lorsque nous faisons pression sur le fédéral sur les questions liées à la santé, nous savons qu’il n’a pas grand pouvoir pour aider les travailleuses et travailleurs aux premières lignes. Cela doit changer. »
Twitter : https://twitter.com/SEIUHealthCan/status/1502027949918228574
L’UNION INTERNATIONALE DES EMPLOYÉS DE SERVICE (UIES)
L’UIES est un syndicat de 2,5 millions de membres répartis dans des sections locales aux États-Unis, au Québec et dans le reste du Canada, ainsi qu’à Porto Rico. L’UIES 800 est une section locale de l’Union internationale des employés de service.
Président Raymond Larcher
UIES Québec, section syndicale 800