Le régime national d’assurance-médicaments serait une triple victoire, affirme Pauline Worsfold, inf, présidente de la Coalition canadienne de la santé
Selon Pauline Worsfold, présidente de la Coalition canadienne de la santé, un régime national d’assurance-médicaments serait une triple victoire, une victoire à la fois pour les provinces, les gouvernements et les patients.
« Des personnes souffrent. Elles doivent se passer de leurs médicaments et cela entraîne des décès précoces à chaque année », a dit Worsfold dans un entretien avec Global News le 23 décembre.
Cette infirmière de première ligne d’Edmonton était l’une parmi plusieurs experts interviewés par Global News sur l’urgence de mettre en œuvre un régime national d’assurance-médicaments au Canada au moment où les infections à la COVID-19 et au virus respiratoire syncytial (VRS) contribuent à augmenter la demande en médicaments sur ordonnance.
Worsfold souligne les choix dangereux que devront faire les personnes qui ne peuvent pas payer leurs médicaments.
Selon un sondage mené en 2021 par Statistique Canada, près d’une personne sur dix au Canada à qui l’on a prescrit des médicaments au cours de la dernière année signale retarder de faire exécuter son ordonnance ou omet des doses en raison des coûts. Plus du cinquième d’entre elles mentionnent ne pas avoir d’assurance pour couvrir les coûts des médicaments prescrits.
« L’efficacité diminue de moitié si elles prennent seulement la moitié de la dose », souligne Worsfold lors de l’entretien avec Global News.
Les libéraux de Justin Trudeau ont promis un régime universel d’assurance-médicaments lors de la campagne électorale de 2019 alors que, dans le cadre de l’Entente de soutien et de confiance entre le Parti libéral et le NPD, le Canada s’engage à mettre en œuvre ce régime d’ici 2023.
Pendant que des personnes partout au pays se débattent avec le coût de la vie qui monte en flèche, les défenseurs du régime d’assurance-médicaments, y compris la Coalition canadienne de la santé et le Conseil des Canadiens demandent d’accélérer les progrès par rapport à une législation sur l’assurance-médicaments.
L’article continue ci-dessous
De son côté, Marc-André Gagnon, professeur de politiques publiques à l’Université Carleton, a dit à Global News que la pièce manquante au système public de soins de santé du Canada est l’assurance-médicaments, et cela s’avère très important pour ceux et celles qui ont perdu leur emploi et la couverture de leurs médicaments pendant la COVID-19.
Global News a aussi interviewé Shayla Hele qui a 24 ans et qui vit avec un diabète de type 1. Pour Hele, un régime universel d’assurance-médicaments voudrait dire qu’elle n’aurait plus à s’inquiéter du fait qu’elle aura à payer son insuline lorsqu’elle aura 25 ans et qu’elle ne sera plus couverte par l’assurance-santé de l’Ontario (OHIP), et par les avantages sociaux de ses parents sur le marché du travail.
Le Canada demeure le seul pays ayant un régime public universel d’assurance-maladie qui ne couvre pas les médicaments prescrits.
Le conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments, présidé par le Dr Eric Hoskins, ancien ministre de la Santé de l’Ontario, a recommandé la mise en œuvre, entre 2022 et 2027, d’un régime public et universel d’assurance-médicaments au coût de 15,3 milliards $ par année.
Avant le rapport Hoskins, d’autres rapports commandés par le gouvernement ont recommandé le régime public et universel d’assurance-médicaments pour le Canada, notamment le Rapport de la Commission royale d’enquête sur les services de santé de 1964 et le rapport Romanow Guidé par nos valeurs: l’avenir des soins de santé au Canada en 2002.
Pendant que Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur, et l’industrie pharmaceutique affirment que le Canada ne peut se payer un régime universel d’assurance-médicaments, le rapport Hoskins fournit des preuves selon lesquelles un régime universel permettrait au Canada d’économiser 5 milliards $ par année en médicaments prescrits, et à la famille moyenne d’économiser environ 350 $ par année.
Pauline Worsfold de la Coalition canadienne de la santé encourage le gouvernement actuel d’agir par rapport au régime universel d’assurance-médicaments, et souligne dans son entretien avec Global News que le gouvernement qui déciderait finalement d’agir laisserait derrière lui un grand héritage.