Le Québec respectera-t-il l’avis de sa société civile sur l’assurance médicaments?
La première ministre de l’Alberta a annoncé qu’elle ne participerait pas au nouveau programme fédéral d’assurance médicaments. Le Québec suivra-t-il l’exemple de l’Alberta?
Vendredi, le NPD a annoncé qu’il avait conclu un accord avec le gouvernement libéral pour introduire la première partie d’un programme national d’assurance médicaments qui comprend la couverture du contrôle des naissances et des médicaments contre le diabète. Presque immédiatement, la première ministre de l’Alberta a annoncé qu’elle n’avait pas l’intention de participer à cet accord.
En janvier, la Coalition solidarité santé a lancé une campagne de lettres aux députés québécois soulignant que notre modèle hybride québécois (public-privé) n’atteint pas ses objectifs et nous coûte excessivement cher.
Au Québec, plus de 550 organisations et experts de la santé, représentant des centaines de milliers de citoyennes et citoyens, réclament depuis plusieurs années la mise en place d’une assurance publique universelle.
Danielle Smith, première ministre de l’Alberta, ne tient pas compte du fait que la majorité des Albertain(e)s sont favorables à la gratuité des contraceptifs sur ordonnance. La plupart des pilules contraceptives coûtent entre 20 et 50 dollars par mois, tandis qu’un stérilet peut coûter environ 500 dollars.
« Prétendre que tous les Albertain(e)s ont accès à une assurance médicaments parce qu’ils peuvent acheter un régime d’assurance s’ils en ont les moyens est intentionnellement trompeur et plus qu’offensant », a déclaré Chris Galloway, directeur exécutif de Friends of Medicare en Alberta, sur Twitter. « Dix-sept pour cent des Albertain(e)s ne bénéficient d’AUCUNE assurance-médicaments. Nous avons besoin d’un régime d’assurance médicaments !
L’automne dernier, alors que Mark Holland venait d’être nommé ministre de la Santé, il a déclaré que le gouvernement prévoyait introduire sa propre législation plutôt que de faire passer le projet de loi du NPD par la Chambre.
Le gouvernement libéral minoritaire a fait l’objet d’une vague de lobbying de la part des grandes sociétés pharmaceutiques. Ces dernières ont fait pression sur Santé Canada plus de 150 fois au cours des neuf mois qui ont suivi l’accord de confiance et d’approvisionnement qui a été introduite en mars 2022, soit 3 à 4 réunions par semaine, chaque semaine, depuis l’annonce de l’accord. L’accord expire en juin 2025.
Innovative Medicines Canada, GlaxoSmithKline, Hoffman-La Roche et Johnson & Johnson sont les acteurs de l’industrie pharmaceutique qui ont organisé le plus grand nombre de réunions avec l’ancien ministre de la Santé, M. Duclos, et ses collaborateurs. Le groupe de pression de l’industrie et les trois géants pharmaceutiques ont enregistré un total de 69 visites de lobbying au cours de la période post-accord, soit une moyenne de sept réunions par mois au cours des neuf derniers mois.
Combler les lacunes
Innovative Medecines Canada, le puissant et riche groupe de pression des grandes sociétés pharmaceutiques, préconise un modèle de « comblement des lacunes ». Cela signifie qu’il faut fournir une couverture aux personnes qui n’ont pas d’assurance médicaments, tout en laissant le système actuel intact.
Le Québec a déjà comblé les lacunes.
Cependant, il n’a pas atteint les solutions qu’on a vues dans les pays qui se sont dotés d’un régime universel d’assurance médicaments. Le Québec dépense plus en médicaments par habitant que les autres provinces. Un pourcentage plus élevé de Québécois (8,7 %) déclare avoir dépensé plus de 1 000 dollars en médicaments sur ordonnance au cours d’une année, par rapport aux pays comparables dotés d’un régime d’assurance médicaments (3 %) ou même au reste du Canada (4,8 %).
Le projet de loi du gouvernement serait annoncé vendredi et devra passer par la Chambre des communes et le Sénat et faire l’objet de deux études en commission.