Le message de la Dre Jane Philpott a l’occasion du 40eme anniversaire de la loi canadienne sur la sante
Jane Philpott est une personne exemplaire à bien des égards. Médecin généraliste et enseignante, humanitaire, elle est surtout connue pour son passage au cabinet du gouvernement fédéral de 2015 à 2019, où elle a été le premier médecin à être nommé ministre fédéral de la santé. Elle a ensuite été ministre des Services aux indigènes, présidente du Conseil du Trésor et ministre du gouvernement numérique. Elle a quitté le gouvernement avec Jody Wilson-Raybould en 2019 et a siégé en tant qu’indépendante en protestation contre la position du gouvernement dans le scandale autour de SNC-Lavalin.
Dre Philpott est aujourd’hui doyenne de la faculté des sciences de la santé et directrice de l’école de médecine de l’université Queen’s à Kingston. Elle est connue pour son travail sur l’éducation médicale en Afrique, la collecte de fonds pour le VIH/sida, la défense des réfugiés et son travail sur les déterminants sociaux de la santé.
Avec son amie et collègue Colleen Flood, elle a discuté de la signification et des implications des critères d’accessibilité dans la Loi canadienne sur la santé lors d’un webinaire organisé par la Coalition canadienne de la santé en juin. Colleen Flood est doyenne de la faculté de droit de l’université Queen’s et ancienne professeure à la faculté de droit de l’université d’Ottawa. Ce webinaire peut être visionné ici –
Philpott est l’auteur du nouveau livre « Health Care for All : A Doctor’s Prescription for a Healthier Canada ».
Ce livre, très personnel et plein d’espoir, propose un bouleversement radical de la formation des médecins et de la structure du système médical. Il s’agit à la fois d’un mémoire et d’une prescription. Dr Philpott cite Roy Romanow qui a déclaré que « l’assurance-maladie unit les Canadiens », un sentiment qu’elle partage manifestement. À la page 6, elle écrit : « Après des progrès impressionnants au cours de la dernière moitié du XXe siècle, les systèmes de santé du Canada n’ont pas mis en œuvre toute la vision des fondateurs de Medicare, qui incluait un financement public universel pour les médicaments, les soins à domicile, les soins de longue durée et les soins dentaires. Les systèmes de santé ont stagné sous le poids de la lâcheté et du manque de vision ».
À la page suivante, elle déclare : « Cela me rend folle quand je pense que six millions et demi d’adultes canadiens n’ont pas de médecin de famille ou d’autre accès aux soins primaires ».
« La santé pour tous » a été un best-seller instantané et présente un plan d’action en quatre parties pour mettre en place un système permettant de remédier à l’extrême pénurie de médecins de premier recours : les fondements cliniques de la santé pour tous ; une section expliquant son évolution en tant que personne et médecin ; les structures sociales nécessaires à une société saine et, enfin, la manière dont la politique influe sur la recherche de la santé pour tous.
Philpott est au fond une réformatrice sociale dans la tradition d’Elizabeth Blackwell et d’Emily Stowe. Et même de Norman Bethune, sans la politique radicale.
Après avoir obtenu son diplôme de médecine, elle a passé une décennie, de 1989 à 1998, à faire du travail humanitaire international avec sa famille, dans l’un des pays les plus pauvres du monde, le Niger, en Afrique de l’Ouest. Pendant cette période, sa fille cadette Emily est morte à 2 ans. La famille est rentrée au Canada et la Dre Philpott a pris un poste de médecin de famille à Markham et Stouffville, au nord de Toronto.
La Dre Philpott est née à Hespeler (Ontario), aujourd’hui Galt. Elle est l’aînée de quatre enfants. Son père était un pasteur presbytérien dont la foi était axée sur le service. C’est la mort prématurée de son frère Gary à l’âge de six ans, des suites du syndrome de Reye, et cette expérience du deuil dans l’enfance qui l’ont motivée à étudier la médecine. Vingt-cinq ans plus tard, sa fille Emily meurt à Galmi, au Niger, d’une infection à la méningococcique. Elle dit que ce jour a déterminé le cours du travail de sa vie.
La mort de ces deux enfants, à plus d’une génération d’intervalle, est à l’origine de la trajectoire de sa vie et de son dévouement à la médecine.
Interviewer Jane Philpott lors de la table ronde de recherche sur la Loi canadienne sur la santé à 40 ans, à l’Université d’Ottawa, a été pour moi un défi de taille. Je l’admire profondément. Elle incarne tellement ce que j’espère pour nous tous. Le livre est imprégné d’un désir profond de créer un monde meilleur et plus sain, ce que je trouve très touchant.
Mon entretien au coin du feu avec la Dre Philpott peut être visionné ici –
Je recommande ce livre et j’espère ardemment que Jane Philpott, enseignante, médecin, écrivain, réformatrice sociale, parent, humanitaire, médecin, politicienne, continuera à avoir un impact sur la santé publique et la vie publique de chacun d’entre nous.