La Mise à jour économique et budgétaire 2021 ignore la capacité financière et le régime d’assurance-médicaments
Cette semaine, le gouvernement fédéral a publié sa Mise à jour économique et budgétaire 2021 mais le variant Omicron du COVID-19 a volé la vedette. Chrystia Freeland, ministre des Finances (University–Rosedale) a dû prononcer son discours à partir d’un lieu isolé après que deux membres de son personnel aient reçu un résultat positif de COVID-19.
Par la suite, la ministre Freeland a mentionné aux journalistes que le danger représenté par le variant Omicron a incité le ministère des Finances à prévoir 4,5 milliards $ au budget pour répondre à la menace, y compris des milliards pour les tests rapides, les médicaments et les traitements, ainsi qu’une aide financière supplémentaire advenant des fermetures en raison d’éclosions du variant Omicron.
Or, dans la mise à jour, on ne trouve aucun engagement par rapport au régime universel d’assurance-médicaments à payeur unique, comme l’ont demandé la Coalition canadienne de la santé et 20 autres organisations et experts dans une lettre conjointe adressée, la semaine dernière, au premier ministre et autres ministres concernés. « « La Mise à jour économique et budgétaire, et le Budget 2022, sont des occasions, pour le gouvernement fédéral, de démontrer, de façon concrète, qu’il va tenir sa promesse relative au régime national d’assurance-médicaments », pouvait-on lire dans la lettre du 7 décembre 2021, signée par la Coalition et des groupes représentant le personnel infirmier, les médecins, les syndicats, les centres de santé communautaires, et plusieurs autres.
Daniel Blaikie (Elmwood-Transcona), porte-parole du NPD en matière de finances, mentionne que le régime national d’assurance-médicaments aiderait à créer la capacité financière pour s’attaquer à plusieurs enjeux. « Lorsque nous parlons de capacité financière, quel est le coût le plus contraignant pour les personnes âgées du Canada? C’est celui des médicaments sur ordonnance. Les libéraux on promis de répondre à cela depuis 1997 », précise-t-il en engageant son parti à continuer à faire pression sur le gouvernement pour obtenir un régime couvrant les médicaments.
Budget 2022
Certains commentateurs suggèrent que les programmes de financement élargis permettant de couvrir les dépenses de santé non liées à la pandémie, comme ceux promis dans la plateforme libérale lors de la dernière élection, seront probablement retardés jusqu’au Budget 2022.
Or, attendre au printemps était insatisfaisant pour le Bloc Québécois qui reçoit des demandes de François Legault, premier ministre du Québec, et d’autres ministres pour qu’on augmente, sans conditions, le financement dans le cadre du Transfert canadien en matière de santé (TCS) pour atteindre 28 milliards $, et une indexation annuelle de 6 %. Kristina Michaud, députée (Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia) a demandé à C. Freeland à la Chambre des communes : « Pourquoi donc la ministre propose-t-elle de maintenir à 3 %, soit le minimum en vertu de la loi, jusqu’en 2027, quand on sait que c’est très inférieur aux augmentations annuelles des dépenses de santé? »
La ministre Freeland a rejeté l’argument selon lequel le gouvernement fédéral n’aide pas assez les provinces : « Comme je l’ai souligné dans l’énonce économique, 8 $ sur 10 $ dépensés par tous les ordres de gouvernement au Canada (pour des mesures liées à la pandémie) viennent du gouvernement fédéral », a-t-elle répliqué.
La Coalition de la santé veut un financement ciblé des soins de santé
La Coalition canadienne de la santé a mis en garde le gouvernement fédéral par rapport à augmenter, sans conditions, les paiements en santé versés aux provinces parce que rien ne garantit que cet argent supplémentaire serait vraiment utilisé pour les soins de santé.
Une fois le chèque du fédéral encaissé, les provinces sont libres de dépenser l’argent de la façon qu’elles veulent, y compris diminuer leur contribution aux dépenses de santé, construire des autoroutes, acheter des pipelines ou diminuer les impôts des entreprises.
Même les nouveaux 4,5 milliards $ promis pour les dépenses de santé des provinces, et mentionnés dans la Mise à jour économique et budgétaire, sont en grande partie versés sans conditions malgré le fait qu’ils sont affectés à la gestion du variant Omicron. « Nous dépensons beaucoup d’argent en santé. Nous faisons confiance aux provinces pour qu’elles utilisent ces outils pour lutter contre la COVID », a mentionné Chrystia Freeland à Evan Soloman du réseau CTV.
La reddition de compte est nécessaire. C’est d’ailleurs un argument de plus pour souligner que les dépenses conditionnelles en santé, dans le cadre d’un régime national d’assurance-médicaments, est une bonne idée. Cela permettrait de réduire le fardeau des coûts en médicaments et offrirait une aide immédiate aux familles tout en assurant que les fonds fédéraux sont vraiment utilisés de la façon attendue. Le Budget 2022 est la prochaine meilleure occasion, pour le gouvernement, de respecter sa promesse de mettre en œuvre un régime national et universel d’assurance-médicaments, à payeur unique.