La grève féministe au Québec
Près de 80 % des grévistes au Québec sont des femmes.
« Cette grève, c’est une grève de femmes. C’est le moment où des femmes, collectivement, se voient forcées de descendre dans la rue pour défendre leurs droits : cesser d’être traitées comme la chair à canon d’un système malade… Où elles se placent en travers d’un chemin qui se dessine de plus en plus clairement vers une privatisation de nos services sociaux. Un chemin qui se dessine droit devant, et qui est pavé des plus mauvaises intentions en ce qui concerne la vie des femmes. »
Martine Delvaux, écrivaine, La Presse, 29 novembre 2023.
Depuis le 21 novembre, le Québec traverse les plus importantes grèves en 40 ans. Avec ces grèves, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec ne semble pas négocier de bonne foi et préfère transformer le secteur public en une entreprise privée gérée par ce que le ministre de la Santé, Christian Dubé, appelle des « Top Guns » du monde des affaires.
Le gouffre entre les travailleuses et les élus est énorme.
La FIQ, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, perd patience avec le gouvernement de la CAQ
La FIQ compte 80 000 membres, se composant d’infirmières, d’infirmières auxiliaires, d’inhalothérapeutes et de perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé aux quatre coins du Québec. La FIQ est une organisation féministe, composée à près de 90 % de femmes, vouée à la défense de ses membres, mais également à celle des patient.e.s et du réseau public de santé.
« Après plus de 75 séances de négociation et plus d’une année à la table, on constate qu’il y a encore des différends très importants entre nous et le gouvernement. Sur les enjeux fondamentaux, comme la gestion du temps supplémentaire[sic], les ratios et la compensation des inconvénients, nous sommes toujours très éloignés. Dans ce contexte, on pense que la nomination d’un conciliateur pourra nous aider à progresser vers une entente », explique Julie Bouchard, présidente de la FIQ.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), qui fait partie du Front commun, compte 86 % de femmes. L’APTS regroupe les techniciennes en laboratoire, qui travaillent dans des labos dans des sous-sols, celles qui décèlent les infections et autres problèmes de santé des patient.e.s permettant aux médecins et infirmières d’intervenir comme il le faut. L’APTS compte parmi ses membres des psychologues, orthopédagogues, criminologues, psychoéducatrices, travailleuses sociales, opticiennes. La grande majorité des 108 titres d’emplois dans l’APTS sont occupés par des femmes.
Le Front commun (l’APTS, la CSN, la FTQ et la CSQ) compte 420 000 membres. La Fédération autonome des enseignants et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, ça fait 575 000 travailleuses et travailleurs, avec environ 80 % de femmes.
« Les filles attachent moins d’importance au salaire que les garçons. »
François Legault, sur Twitter, 10 juillet 2021 dans un échange avec Vincent Marissal
C’est le gouvernement québécois, avec à sa tête François Legault, Pierre Fitzgibbon, Christian Dubé, et d’autres hommes d’affaires qui tiennent les cordons de la bourse. Sonia LeBel se trouve à la table de négociations, mais ne semble pas avoir de pouvoir.
Il semble que ça soit une lutte entre les valeurs que représentent la majorité des travailleuses de la fonction publique qui sont des femmes, et les politiciens qui contrôlent les fonds publics, qui sont des hommes conservateurs.
Il est grand temps de mettre un terme à la dévalorisation, autant sociale que salariale, de ce qui est typiquement « féminin » et des métiers que l’on perçoit comme tels. Sans le travail de ces personnes, majoritairement des femmes, la société ne fonctionnerait tout simplement pas.