« En colère et solidaires — les femmes et leurs alliés manifestent par solidarité avec les Américaines »
En appui aux Américaines qui perdront leur droit à l’avortement, des manifestations pro-choix ont eu lieu dimanche dernier devant les palais de justice au Québec.
Sous un soleil de plomb et une chaleur accablante, quelques centaines de personnes ont répondu à l’appel à se mobiliser contre le renversement du jugement Roe c. Wade par la Cour suprême des États-Unis. Des rassemblements semblables se sont tenus dans plusieurs villes du Québec.
« Le mouvement anti-choix est de plus en plus visible au Québec. On pense qu’avec le renversement [de l’arrêt Roe c. Wade], ça donnera de la légitimité pour proposer des actions et désinformer les personnes en lien avec les interruptions de grossesse. »
SYLVIE PEDNEAULT, DIRECTRICE DE SOS GROSSESSE
« Interdire l’avortement n’arrête pas les avortements. Les femmes ont toujours trouvé des moyens pour interrompre leur grossesse », rappelle Jessica Legault, co-coordonnatrice de la Fédération du Québec pour le planning des naissances, qui manifestait à Montréal, cité dans La Presse.
En 1962, 57 000 Canadiennes avaient été hospitalisées pour s’être autoavortées avec des crochets et autres moyens dangereux. Entre 1926 et 1947, environ 6 000 Québécoises et Canadiennes sont mortes suite à des avortements clandestins « bâclés ».
Cette souffrance est ce qui a motivé le médecin montréalais, le Dr Henry Morgentaler, un survivant du camp d’extermination à Dachau, à ouvrir des cliniques d’avortement à Montréal et ailleurs au Canada, acte pour lequel il a été emprisonné plusieurs fois, et qui l’a amené jusqu’en Cour suprême du Canada où les juges ont renversé la loi.
Voici un entretien avec le Dr Abraham Morgentaler, le fils du Dr Henry Morgentaler, qui est également médecin en Floride, au sujet du renversement de Roe c. Wade.
Voilà plus de trente ans que l’avortement est décriminalisé au Canada. L’enjeu est toutefois revenu sur la table lors des dernières élections fédérales, ce qui inquiète les groupes de femmes.
Malgré le fait qu’il n’y ait pas de loi au Canada, la question de l’accès pose de graves problèmes pour les femmes en Alberta et dans les provinces atlantiques.
Selon le Directeur des politiques de la Coalition canadienne de la santé, Steve Staples, « nous voyons un manque de volonté d’imposer les principes de la Loi canadienne sur la santé et faire en sorte que ses principes soient appliqués de façon équitable partout au Canada et au Québec. »
« La loi présente l’objectif principal de la politique canadienne des soins de santé qui consiste à protéger, à promouvoir et à rétablir le bien-être physique et mental des résidents du Canada, et à leur donner, dans des conditions raisonnables, accès aux services de santé, sans que des obstacles financiers ou d’un autre ordre s’y opposent. »
Selon Staples, « nous ne pouvons pas tenir nos services pour acquis : les Américaines ne peuvent plus compter sur les services d’avortement. Nous ne devons pas être trop prétentieux car nous avons aussi des problèmes ici au Canada par rapport à l’accessibilité. »
Au Canada, l’avortement est une procédure médicale qui est livrée par les provinces et les territoires. Voici une chronologie de l’histoire de l’avortement au Canada.
Depuis 2007, il y a eu pas moins de sept projets de loi qui visaient à restreindre l’accès à l’avortement. Il y a encore des inégalités au pays, en Alberta, il n’y a qu’une ou deux cliniques à travers la province. Et dans certaines provinces atlantiques, il y a peu ou pas d’accès au service.
« Le mouvement anti-choix est de plus en plus visible au Québec. On pense qu’avec le renversement [de l’arrêt Roe c. Wade], ça donnera de la légitimité pour proposer des actions et désinformer les personnes en lien avec les interruptions de grossesse », a réagi Sylvie Pedneault, directrice de SOS grossesse, à Québec.
Ce n’est pas un droit acquis au Canada, selon Mme Pedneault. Pour les femmes aux États-Unis, elle dit qu’on souhaite que les femmes puissent vivre, et on sait que cette loi est une forme de féminicide. Peu importe la raison qu’ont les femmes pour avorter, toute raison est bonne, puisqu’aucune forme de contraception n’est efficace à 100%.
Des manifestations semblables ont eu lieu partout au Canada, dont celle-ci à Kingston, en Ontario. Celle-ci, à Vancouver. Et celle-ci, à Toronto.
Photo par Kai Medina (Mk170101) – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=80114354