De plus en plus de médecins québécois boycottent le système de santé public au profit du secteur privé
En 1970 le gouvernement du Québec, sous le Premier ministre libéral Robert Bourassa, est devenu la dernière province à se joindre à l’assurance maladie, après toutes les autres juridictions, en commençant par la Saskatchewan en 1962. Les Médecins spécialistes sont sortis en grève pour protester, et le gouvernement les a menacé d’amende et l’emprisonnement. Finalement le conflit s’est fait régler par le retour forcé au travail.
Aujourd’hui, le Québec dispose d’un ensemble de règles beaucoup moins rigoureux que celles des autres provinces en ce qui concerne les médecins et le système de santé publique. En conséquence, les médecins font des allers-retours entre le secteur privé à but lucratif et le secteur public, géré par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
Selon une enquête menée par Aaron Derfel de la Montreal Gazette, 780 médecins généralistes et spécialistes sont des « non-participants » au système public et ne facturent plus du tout la Régie de l’assurance maladie du Québec.
Il s’agit d’une augmentation de 22 pour cent par rapport aux 641 de l’année précédente, selon la liste compilée par la RAMQ en date du 12 juillet. Il s’agit de la plus forte augmentation jamais enregistrée en une seule année.
La Dr Isabelle Leblanc, des Médecins québécois pour le régime public (MQRP), a déclaré à la Gazette : « Nous sommes consternés mais pas surpris par ces chiffres – qui sous-estiment probablement le nombre de médecins travaillant dans le système privé, car certains spécialistes choisissent d’entrer et de sortir toutes les quelques semaines – et nous pensons qu’il faut faire quelque chose dès que possible pour mettre un terme à cette situation ».
Environ quatre pour cent de tous les médecins du Québec sont aujourd’hui des « non-participants » – il y a sept ans, seuls deux pour cent de tous les médecins du Québec avaient opté pour le système privé.
Le Québec est la seule province où les nouveaux médecins, à la fin de leurs études, peuvent choisir entre la pratique publique et la pratique entièrement privée. Dans les autres provinces, les lois interdisent la pratique privée exclusive.
« Nous avons organisé la première ligne autour de groupes de médecine familiale (GMF) qui sont des partenariats privés-publics, nous sous-traitons les chirurgies au secteur privé et nous avons désassuré certains services : la psychothérapie, la physiothérapie. Cela permet au secteur privé de se développer », explique Élise Girouard-Chantal, résidente en médecine familiale et membre du conseil d’administration du MQRP.
Moins de 20 médecins se sont retirés du système public dans l’ensemble du Canada, à l’exception du Québec.
Dr. Leblanc a déclaré à M. Derfel que la Coalition Avenir Québec permet ainsi une médecine à deux vitesses.
« Les cliniques privées viennent recruter des résidents (en médecine) avant même qu’ils ne terminent (leur formation) et leur promettent d’excellentes conditions de travail – uniquement en semaine, pas de soirées ni de week-ends, pas d’appels (à domicile) », a-t-elle expliqué. « Cette situation a laissé un nombre décroissant de médecins du secteur public « avec toutes les heures difficiles … pour couvrir ces quarts de travail ».
Les dermatologues sont en tête de l’exode, avec un total de 41, selon l’analyse de The Gazette. Viennent ensuite les chirurgiens orthopédiques, dont 38 sont passés dans le privé, gonflant les listes d’attente pour les consultations dans le secteur public.
Plus de 2 millions de Québécois n’ont pas accès aux soins primaires, la porte d’entrée du système de santé, selon le rapport NosSoins sur le Canada qui vient d’être publié. Il s’agit de l’un des pires taux du pays, selon le rapport.
Pour ceux qui sont à l’aise financièrement il est facile à voir l’attrait du privé. On offre des primes et des promotions. Voici un exemple de la publicité qu’utilise les cabinets de médecins qui sont complètement sortis du régime public.
Voici la liste des médecins Québécois qui sont sortis du système public.