Budget Québec 2024-2025: réactions tièdes des syndicats et la société civile au budget de la Coalition avenir Québec (CAQ)
Avec un déficit de 11 milliards, le Ministre des finances Éric Girard annonce une révision des impôts et des dépenses et propose un budget équilibré en 2029-2030.
En matière de soins de santé, Union des consommateurs salue les bonifications salariales consenties aux travailleurs de ce secteur ainsi que les investissements prévus en infrastructures. Malgré ce geste positif, le gouvernement doit accélérer le pas pour renforcer le réseau public de soins de santé.
Union réitère son appel au gouvernement d’entamer rapidement des discussions avec Ottawa en vue de bonifier le régime québécois d’assurance médicaments. En plus de contribuer positivement aux finances publiques de la province, un régime public universel améliorera l’accès aux médicaments et bénéficiera au portefeuille des Québécois.
(Union des consommateurs est un organisme à but non lucratif qui regroupe 14 groupes de défense des droits des consommateurs.)
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) :
Du côté de la santé et des services sociaux, la croissance des dépenses est de 5,3%, soit une augmentation de 2,7G$. Cela reflète le résultat des négociations avec le secteur public, mais également quelques nouveaux programmes…. budget mentionne également que le financement axé sur le patient sera étendu à la médecine, à l’urgence, à la néonatalogie et à la dialyse. En d’autres mots, le gouvernement ouvre la porte à un financement public pour des services de santé privés, comme il l’a fait en 2016 pour les chirurgies avec les cliniques Chirurgie Dix30 inc., et Centre de chirurgie Rockland MD et Groupe Opmédic. Ce choix est problématique. D’un côté, le gouvernement souhaite abolir le recours aux agences privées (car il reconnaît que les déficits actuels des établissements publics de santé sont en bonne partie causés par l’explosion des coûts du personnel de ces agences). De l’autre, il persiste sur la voie de la privatisation des services (chirurgies, mini-hôpitaux privés). Pourtant, les données disponibles pour la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec montrent que le coût des chirurgies réalisées en cliniques privées tend à être plus élevé que dans les établissements publics.
(L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques est une organisation indépendante et sans but lucratif fondée en 2000. Nous analysons les politiques publiques et l’économie du Québec en vue de fournir les outils nécessaires pour mieux les comprendre et les transformer.)
CSQ :
Avec une croissance moyenne de 4,4 % du budget du système de santé et services sociaux sur 3 ans, le gouvernement s’appuie trop fortement sur les changements de structure pour bonifier les services de santé, selon Éric Gingras, Président de la Centrale des syndicats du Québec. Des sommes considérables sont consacrées au virage numérique (180 M$), aux soins à domicile (91 M$), au Guichet d’accès (23 M$) et à l’élargissement du financement axé sur le patient.
« On peut douter que ces réformes de structure viennent compenser pour les besoins importants de notre système. Du bon côté, dans le contexte démographique actuel, les investissements supplémentaires (243,5 M$) pour soutenir le maintien à domicile et l’hébergement des personnes aînées sont les bienvenus », souligne M. Gingras.
(La CSQ regroupe 200,000 personnes dont des infirmières et du personnel du secteur de la santé et des services sociaux, ainsi que des travailleuses et travailleurs en education, des communications, du communautaire, du loisir et du municipal.)
CSN :
Si, pour l’instant, l’augmentation des budgets des ministères de l’Éducation et de la Santé et des Services sociaux semble pouvoir éviter une rupture de services, la CSN demeure préoccupée par la pensée magique du gouvernement quant aux économies qui pourraient réalisées par l’entremise de l’optimisation de l’action de l’État et l’examen des dépenses gouvernementales.
« Lors de chacun des exercices de centralisation des services publics, que ce soit en santé ou en éducation, on nous promet des économies d’échelle. Chaque fois, ce sont plutôt des abolitions de poste et des surcharges de travail que nous avons constatées sur le terrain. Nous suivrons ces travaux avec attention », déclare la présidente de la CSN.
(La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) compte plus de 140 000 membres dans les secteurs public et privé, dont plus de 120 000 dans le réseau public de la santé et des services sociaux, partout au Québec, et ce, dans toutes les catégories de personnel. La FSSS est la plus grande organisation syndicale dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi que dans celui des services de garde.)
FTQ :
Alors qu’une personne sur dix se prive de médicaments d’ordonnance, en raison d’enjeux financiers, la FTQ déplore l’attitude du gouvernement concernant la mise sur pied d’un régime public et universel d’assurance médicaments.
« Au lieu de collaborer avec le palier fédéral, ce qui permettrait de hausser les revenus, le gouvernement québécois fait preuve de fermeture, » souligne Magali Picard. « La population veut des résultats concrets pour améliorer ses conditions de vie plutôt que des chicanes de champs de compétence. »
Quant au retour à l’équilibre budgétaire, le plan sera dévoilé lors du prochain budget l’année prochaine.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) estime que le budget 2024-2025 du Québec ne prend pas la mesure des préoccupations des Québécois et Québécoises et de leur détresse.
Selon la Présidente de la centrale le budget ne tient pas compte de l’assurance-médicament, la crise du logement, et le manque en transport public.
« Les gens sont à bout de souffle et ont de la difficulté à subvenir à leurs besoins de base. On s’attendait à une plus grande écoute de la part du gouvernement et à un plus grand leadership », mentionne la présidente de la FTQ, Magali Picard.
« Le Québec a déjà joué dans le mauvais film de l’austérité et on vit encore aujourd’hui avec les conséquences de ces mauvaises décisions politiques. Les besoins de la population sont grands et il ne faut pas exclure d’emblée une hausse des revenus de l’État. »
Dans un contexte de lutte contre les changements climatiques, et tous les problèmes qu’ils causent, dont ceux de la santé publique, il apparaît essentiel de miser sur le transport collectif.
Malheureusement, le gouvernement a fait le choix de bonifier les investissements pour le réseau routier alors que ceux du transport collectif font du surplace. Des sommes supplémentaires auraient aussi pu être consacrées pour améliorer ces services et rendre le transport collectif encore plus attrayant.
(La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente plus de 600 000 travailleurs et travailleuses.)