Aligner la rémunération des médecins sur le travail d’équipe et l’amélioration au système : Séries de solutions, partie V
Il s’agit de la cinquième partie d’une série qui examine les obstacles politiques et solutions afin de réduire les temps d’attente en chirurgie au Canada. Les séries ont été adaptées d’un document de recherche par Andrew Longhurst. Le document au complet avec une liste de références pour les notes de bas de page est disponible ici.
L’un des principaux avantages dans plusieurs systèmes de soins de santé très productifs est les spécialistes et chirurgiens qui reçoivent leurs salaires et travaillent directement pour les régies de soins de santé régionales; contrairement au Canada, ils ne sont pas indépendants, des fournisseurs du service de paiements à la tâche, qui gèrent efficacement des petites entreprises. [79] Au Canada, en 2017/18, 73 pour cent du total des paiements médicaux aux médecins étaient des services de paiements à la tâche, et seulement 27 pour cent étaient par des modèles de paiement alternatifs (par exemple, salaires, capitation, paiements à la séance). [80] Seulement 8 pour cent des chirurgiens obtiennent plus que la moitié du total de paiements de méthodes de paiement alternatifs, ce qui est plus bas que la médecine familiale et autres spécialités médicales. [81]
Des alternatives pour le service de paiements à la tâche – y compris le paiement salarié, par capitalisation ou mixte – permettraient de réduire les listes d’attente et les processus de référence en changeant ces responsabilités du chirurgien aux régies de santé. Comme le chirurgien David Urbach et la médecin de famille Danielle Martin de Toronto écrivaient dans les commentaires du journal de l’Association médicale canadienne, certains chirurgiens sont hésitants « de renoncer au contrôle de leur plus gros bloc dans la salle d’opération, qui leur permettent d’exécuter plus de procédures et gagner plus d’argent. » [82] Certains chirurgiens se portent contre les modèles de soins basés sur le travail d’équipe, car ils les considèrent comme une menace à leurs facturations de service de paiements à la tâche, [83] même si le travail ne manque pas. Les soins basés sur le travail d’équipe permettraient aux chirurgiens de concentrer leur temps à exécuter des chirurgies et consulter des patients qui ont réellement besoin de chirurgie. Mais comme les analystes de politique en matière de santé Steven Lewis et Terrence Sullivan l’ont noté, « exécuter son travail de routine de façon efficace est plus lucratif que de résoudre des problèmes complexes, ce qui mène les spécialistes à travailler au niveau le plus bas de leurs capacités. » [84]
Au cours des dernières décennies, de nombreuses juridictions se sont éloignées du service de paiements à la tâche, qui favorise l’autonomie des praticiens et le surservice au détriment du travail d’équipe, de la maîtrise des coûts et de l’amélioration du système. [85]
- Lire le reste de la série de solutions par Andrew Longhurst, une série de 11 articles sur les moyens de réduire les temps d’attente en chirurgie au Canada.
Traduction par le Syndicat du Nouveau-Brunswick
[79] Longhurst et al., 2016.
[80] CIHI 2019d, p. 31.
[81] CIHI, 2019d, p. 33.
[82] Bains, 2020.
[83] Longhurst et al., 2016, p. 33.
[84] Lewis et Sullivan, 2013b.
[85] Grant et Hurley, 2013; Lewis et Sullivan, 2013a, 2013b; Shroeder et Frist, 2013; Cohen, 2014; Marchildon et Sherar, 2018; Longhurst, 2019.