Le Canada dépense autant pour les médicaments que pour les médecins : étude
Le coût des médicaments sur ordonnance grimpe continuellement et la population canadienne dépense maintenant autant pour les médicaments que pour les salaires des médecins. Voilà ce que révèle le nouveau rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) portant sur les dépenses des régimes publics et privés.
Les médicaments et les médecins représentent maintenant les plus grandes dépenses de santé, après les hôpitaux.
Selon ICIS, le total des dépenses de santé au Canda devrait atteindre 331 milliards $ en 2022. Les hôpitaux (24,34 %), les médecins (13,60 %) et les médicaments (13,58 %) continuent de représenter la part la plus importante des dépenses de santé (plus de la moitié des dépenses totales de santé) en 2022.
Le rapport précise que les dépenses totales de santé en 2022 sont de 72 % pour le secteur public (i.e. les gouvernements), et 28 % pour le secteur privé. Les dépenses du secteur privé comprennent trois (3) catégories, la plus grande étant les dépenses à la charge du patient (14,3 %), ensuite les régimes privés d’assurance maladie (11,4 %) et les dépenses non liées à la consommation (2,5 %).
Entre-temps, le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) affirme que, selon liste canadienne, les prix des médicaments brevetés sont au troisième rang des prix les plus élevés parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OECD). Seuls les prix aux États-Unis et en Suisse sont plus élevés.
Mélanie Bourassa Forcier, présidente suppléante du CEPMB décrit l’organisation comme un organisme indépendant détenant des pouvoirs quasi judiciaires et créé par le Parlement en 1987 aux termes de la Loi sur les brevets. « Le mandat du CEPMB est de protéger et d’informer les consommateurs canadiens en s’assurant que les médicaments brevetés ne sont pas vendus à des prix excessifs au Canada et en faisant rapport des tendances pharmaceutiques », ajoute-t-elle.
Or, le Dr Joel Lexchin, expert en politiques pharmaceutiques et membre du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé, dit que le CEPMB n’offre pas à la population canadienne une protection contre les prix faramineux des médicaments, et pense que le gouvernement fédéral devrait faire davantage pour diminuer le prix des médicaments.
« Ce rapport démontre que notre mode actuel de contrôle des coûts des médicaments est un échec et que le fait d’avoir pensé que permettre des prix élevés pour les médicaments attirerait la recherche et le développement n’était qu’un mythe », souligne-t-il. « La pression exercée pour la mise en œuvre du régime national est une partie des efforts pour corriger les choses. »
En 2018, le gouvernement fédéral a mis sur pied le Conseil consultatif sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments, conseil présidé par le Dr Eric Hoskins, ancien ministre de la Santé de l’Ontario. Selon le conseil, le régime national, lorsque complètement mis en œuvre, permettrait d’économiser 5 milliards de dollars par rapport aux dépenses totales en médicaments prescrits.
La Coalition canadienne de la santé a lancé sa campagne Santé et Espoir 2025 afin d’accélérer la mise en œuvre du régime national d’assurance-médicaments tel que promis par le gouvernement dans le cadre de l’Entente de mars 2022 entre le Parti libéral et le NPD.
Le premier ministre Trudeau s’est engagé, en échange du soutien du NPD à : « Continuer de progresser vers la mise en œuvre d’un régime universel d’assurance-médicaments en adoptant une Loi sur l’assurance-médicaments du Canada d’ici la fin de 2023, puis en chargeant l’Agence nationale des médicaments d’élaborer un formulaire national de médicaments essentiels et un plan d’achat en gros d’ici la fin de l’entente. »
Le temps presse pour le gouvernement de présenter une législation sur l’assurance médicaments, soit une loi qui permettrait aux gouvernements et aux gens d’économiser des millions de dollars à chaque année, et d’assurer que les médicaments demeurent à la portée de tous.
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