L’entente imminente avec la Société canadienne du sang met en péril le système public d’approvisionnement en sang volontaire et la confiance du public
La Société canadienne du sang annoncera bientôt un « partenariat » avec une énorme société internationale à but lucratif spécialisée dans le plasma, qui entreprendra, au nom de la SCS, ce que cette dernière a toujours nié vouloir faire : acheter le plasma des Canadiens. La Coalition canadienne de la santé dénonce cette décision et le secret qui l’entoure. Le plasma est une ressource publique donnée volontairement qui peut être transformée en produits qui, once pour once, valent plus que de l’or.
« Cette décision de la Société canadienne du sang témoigne d’une gestion irresponsable de notre système public d’approvisionnement en sang, permettant une commercialisation à grande échelle, » déclare Pauline Worsfold, IA, et présidente de la Coalition canadienne de la santé. « Le fait que la SCS n’ait pas respecté le mandat d’un système public d’approvisionnement en sang volontaire est inacceptable. »
La Coalition canadienne de la santé craint que l’accord imminent ne soit pas assorti de limites prévues par la loi pour protéger la durabilité du système public contre l’empiètement de la commercialisation à grande échelle.
« Un petit nombre de sites de collecte commerciaux n’est pas susceptible d’avoir un effet négatif sur la chaîne d’approvisionnement du système national du sang. Cependant, une croissance commerciale à grande échelle – sans contrôles appropriés – pourrait empiéter sur le système actuel de collecte de sang et de plasma. » [site web actuel de la SCS]
« La rétention d’informations publiques sur cette décision majeure concernant la gestion d’une ressource de santé publique cruciale trahit la confiance du public. Qu’il soit effectué par la SCS ou par leur agent commercial, le fait de payer les Canadiens pour du plasma à une échelle massive mettra en péril la collecte volontaire de sang. L’absence de dialogue public ouvert avant la prise de décision de la SCS est une trahison honteuse de la confiance du public, » a déclaré la Dr Michèle Brill-Edwards, ancienne responsable de la réglementation de Santé Canada, et membre du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé.
De nombreuses options pour améliorer l’autosuffisance volontaire en plasma sont utilisées avec succès par d’autres pays comme l’Australie et la France. Héma-Québec, l’équivalent de la SCS au Québec, a doublé l’autosuffisance, la faisant passer de 15 % à 30 % entre 2016 et 2021, alors que la SCS est restée à 15 % dans le même laps de temps.
Les dommages causés par un tel accord vont bien au-delà d’une décision inacceptable de payer les Canadiens pour leur plasma. Le secret et la duplicité qui sous-tendent un tel accord sapent la confiance des citoyen.e.s dans la Société canadienne du sang elle-même.
Les ministres de la Santé sont collectivement responsables de la mise en œuvre fidèle de l’accord de 1998 qui a créé la Société canadienne du sang à la suite du scandale du sang contaminé des années 1980-90.
La Société canadienne du sang est un organisme public chargé de gérer le système d’approvisionnement volontaire en sang du Canada, à l’exception du Québec, en veillant avant tout à la sécurité des Canadiens.
Le Coalition canadienne de la santé demande aux ministres de s’engager à nouveau à respecter le mandat public volontaire de la Société canadienne du sang en congédiant le chef de la direction et le conseil d’administration actuels de la Société canadienne du sang. La Coalition demande également que de nouveaux administrateurs et un nouveau chef de la direction soient nommées qui mettront fidèlement en oeuvre l’accord de 1998 afin de protéger la sécurité des Canadiens.
Le rétablissement de la confiance du public grâce à une nouvelle direction est essentiel au fonctionnement sécuritaire de notre système public d’approvisionnement en sang volontaire.