La Coalition canadienne de la santé demeure inébranlable dans son opposition à la rémunération des donneurs de plasma au Canada
Ottawa – Devant l’insuffisance de donneurs, la Société canadienne du sang (SCS) pourrait forger un partenariat avec la grande multinationale Grifols afin de rémunérer les donneurs canadiens de plasma, sachant très bien que cela va mettre davantage en péril notre système de donneurs volontaires.
Le 13 juin 2022, la SCS a diffusé un communiqué soulignant qu’elle avait besoin de 100 000 nouveaux donneurs afin de reconstituer ses « réserves nationales qui ont atteint un seuil critique. »
« De façon louable, la Société canadienne du sang promet de trouver de nouveaux donneurs volontaires. Or, dans les coulisses, la SCS capitule devant l’industrie du plasma rémunéré », souligne la Dre Michèle Brill-Edwards, experte en santé et sécurité, et médecin principal responsable de la réglementation des médicaments sur ordonnance à Santé Canada, de 1988 à 1992.
Des centres à but lucratif de collecte de plasma à petite échelle sont exploités en Saskatchewan, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick depuis 2016 sans la participation de la SCS. La rémunération des donneurs de plasma est interdite dans les autres provinces, y compris le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique. Le partenariat public-privé proposé, entre la SCS et l’entreprise espagnole de plasma Grifols, menace de changer massivement la façon de recueillir le plasma au Canada.
Une fois que la rémunération des donneurs canadiens sera devenue une norme, le recrutement de donneurs volontaires va chuter, comme on a pu l’observer dans les pays européens », souligne la Dre Brill-Edwards. En fait, la sécurité des réserves canadiennes en sang est particulièrement vulnérable, et la collecte de sang doit demeurer volontaire et, pour des raisons de sécurité, cette collecte ne peut pas être commercialisée.
« La motivation d’augmenter la collecte de plasma ne devrait pas compromettre l’engagement de la SCS envers les dons non rémunérés de sang et de plasma, tel que recommandé par l’Enquête Krever sur le scandale du sang contaminé. »
La Dre Brill-Edwards précise que d’autres mesures peuvent être adoptées pour augmenter les réserves de cet important plasma, par exemple augmenter la collecte à partir de donneurs volontaires, mesures de contrôle pour éviter la surutilisation, limites par rapport à la commercialisation, et initiatives de recherche pour développer de nouvelles technologies pour le fractionnement du plasma en protéines.
La Coalition canadienne de la santé demeure inébranlable dans son opposition à la rémunération des donneurs de plasma au Canada », précise Pauline Worsfold, IA, présidente de la Coalition canadienne de la santé. « Acheter le plasma des gens est une façon d’exploiter les plus vulnérables dans notre société, et ces centres de collecte à but lucratif sont similaires aux prêts sur salaire et aux prêteurs sur gage. »
La Coalition canadienne de la santé comprend des groupes communautaires, des chercheurs, et des syndicats représentant des travailleurs de la santé de première ligne.