Les résultats des élections pourraient déterminer l’avenir de l’économie des soins, selon le Care Economy Group
Par Pat Van Horne, membre du Syndicat des Métallos et du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé.
Des économistes et des défendeurs des soins de santé mettent la population canadienne en garde car, si l’on se fie aux élections provinciales et aux campagnes à la chefferie fédérale du Parti conservateur, la privatisation de notre système de soins de santé pointe à l’horizon.
Pat Armstrong, membre du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé, de concert avec Armine Yalnizian, Marjorie Griffin Cohen et Lauren Ritchie, ont mentionné dans un article d’opinion dans le Toronto Star, que Jean Charest, candidat à la chefferie du Parti conservateur fédéral, promet un « énorme changement » dans le secteur de la santé en allouant davantage de fonds publics aux soins dispensés par le privé. Pendant ce temps, le gouvernement conservateur de l’Ontario augmente « discrètement » la portion à but lucratif des soins financés par l’État.
Les autrices de l’article sont membres du Care Economy Group (https://thecareeconomy.ca ). Ce groupe est composé de soignants, d’économistes, de leaders communautaires, et de défenseurs de politiques qui veulent que les prochaines élections mettent l’accent sur l’infrastructure sociale.
Selon le groupe, 16 000 lits en soins de longue durée ont récemment été autorisés dans des établissements à but lucratif, et d’autres sont prévus « malgré les données généralisées de conditions de travail épouvantables et de piètres soins dans plusieurs de ces établissements. »
« Certaines des compagnies dont le permis a été renouvelé géraient certains des établissements qui ont connu les pires éclosions et le plus grand nombre de décès pendant la pandémie. »
L’article cite les conclusions du rapport 2021 de la Commission ontarienne sur les soins de longue durée, notamment que les établissements de soins de longue durée appartenant à des corporations à but lucratif ont des niveaux inférieurs de dotation, de moins bonnes conditions de travail, des soins de qualité moindre, un plus grand nombre d’hospitalisations, et davantage de surpopulation que les établissements sans but lucratif et les fournisseurs municipaux.
Les autrices de l’article sont membres du Care Economy Group (https://thecareeconomy.ca ). Ce groupe est composé de soignants, d’économistes, de leaders communautaires, et de défenseurs de politiques qui veulent que les prochaines élections mettent l’accent sur l’infrastructure sociale.
L’été dernier, le gouvernement de l’Ontario a annoncé 24 millions $ de nouveaux fonds publics pour les établissements de santé « indépendants » pour qu’ils puissent augmenter leur volume de services chirurgicaux et de diagnostic, et pour accorder des permis à davantage de ces établissements. « Indépendant » est le mot code pour les entreprises à but lucratif, soulignent les autrices.
Elles ajoutent que la privatisation furtive vient du fait que les gouvernements n’ont pas déployé suffisamment d’efforts pour régler les pénuries majeures de personnel de la santé et de services de santé, pénuries qui créaient déjà des listes d’attente bien avant la COVID-19. Cela augmente en flèche dans tout le Canada.
La privatisation des services publics fait aussi référence aux services non couverts par les fonds publics et regroupés avec ceux qui le sont. Ainsi, l’accès aux soins signifie basé sur la capacité de payer et non pas sur le besoin.
Comme l’a dit la Coalition depuis des années, les autrices soulignent qu’un système à but lucratif est destiné aux personnes les plus en santé. Les personnes présentant des cas complexes coûtent trop cher pour ce modèle d’affaire. Ainsi, elles vont se retrouver dans un système public sous-financé.
À but lucratif ne signifie pas davantage de personnel
Les autrices mentionnent que le volet économique est clair. Des soins moins dispendieux, plus équitables et de grande qualité qui créent de bons emplois ne vont pas devenir une réalité en augmentant les soins à but lucratif. Voici 10 avantages, selon elles, à investir davantage dans les soins publics sans but lucratif :
1. La qualité est supérieure, en partie parce que les riches doivent utiliser les mêmes services que les pauvres. Lorsque tout le monde est dans le même bateau, chaque personne est particulièrement intéressée à recevoir de bons services;
2. Les coûts administratifs sont inférieurs. Nous dépensons moins en facturation, recouvrement des factures non payées, et à sélectionner les patients;
3. L’accessibilité peut être planifiée, non pas motivée par le marché, assurant ainsi des services plus équitables, particulièrement dans les secteurs qui n’attirent pas les investissements privés.
4. L’accès aux soins est plus abordable pour plus de gens, et fondé sur le besoin et non la capacité à payer;
5. La duplication exagérée et coûteuse de services peut être éliminée;
6. Il y a davantage d’avenues pour la prise de décision démocratique, avec la participation de personnes qui reçoivent et dispensent les soins;
7. Les emplois sont meilleurs, particulièrement pour le personnel à prédominance féminine et la main-d’œuvre de plus en plus racialisée;
8. Les employeurs provinciaux économisent des sous parce que les coûts sont partagés et les risques sont répartis dans une plus grande population;
9. Les avancées dans des secteurs comme la chirurgie des cataractes et les mesures préventives peuvent être partagées dans toutes les populations, améliorant ainsi la santé de tous;
10. Les engagements publics à respecter les normes peuvent créer l’homogénéité dans tous les services et les régions. »
Pat Armstrong est membre du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé et membre du Care Economy Group