Les pharmaceutiques sortent gagnantes après que les libéraux diluent la réglementation sur le prix des médicaments
Par Pat Van Horne, membre du Syndicat des Métallos et du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé
Un régime national et universel d’assurance-médicaments, à payeur unique, demeure insaisissable pour la population canadienne. Or, l’industrie pharmaceutique continue d’amasser les profits pendant que le gouvernement allège les changements à la réglementation sur le prix des médicaments.
Selon le Globe and Mail, le 1er juillet est la date fixée par le gouvernement libéral pour l’entrée en vigueur de la réglementation assouplie en matière de politique d’établissement des prix des médicaments. Cela vient à la suite de contestations judiciaires par les compagnies pharmaceutiques.
Marieke Walsh du Globe mentionne que la réglementation mise à jour pour le Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB) a d’abord été soumise en 2017 et « finalisée » en 2019, mais il y a eu d’autres consultations et d’autres versions « finales ». Bien que le gouvernement allègue que les changements vont réduire les prix d’environ 8,8 milliards $ sur une période de 10 ans, l’assouplissement des règles va signifier des économies de seulement 2,9 milliards $ au cours de la prochaine décennie.
Joel Lexchin, membre du conseil d’administration de la Coalition et professeur émérite à l’Université York, souligne que plus de deux personnes sur cinq au Canada se préoccupent au sujet de leur capacité à payer leurs médicaments prescrits dans 10 ans.
Lexchin souligne que la version originale des changements aurait fait place à trois réformes importantes.
« Ils auraient exigé des compagnies qu’elles divulguent les prix réels des médicaments (actuellement confidentiels) plutôt qu’une liste de prix; qu’elles tiennent compte de nouveaux facteurs économiques lors des décisions par rapport à ce qui devrait représenter un prix raisonnable; et qu’elles changent les pays auxquels les prix au Canada sont comparés (retirer les États-Unis et la Suisse et les remplacer par cinq pays ayant des prix plus raisonnables).
« Maintenant, seulement le dernier changement sera mis en œuvre. »
Lexchin dit que les 40 dernières années ont démontré que les interactions entre l’industrie pharmaceutique et le gouvernement se sont soldées en peu de progrès malgré les nombreuses promesses de changer les choses.
Le Globe and Mail signale que le gouvernement annule aussi les plans pour 2019 qui consistaient à forcer les compagnies pharmaceutiques à divulguer les prix nets, et va plutôt continuer à se baser sur les listes publiques des prix. Et cela malgré le fait que le gouvernement ait déclaré que les prix publics ne reflètent par le véritable prix sur l’étiquette.
Don Davies, porte-parole du NPD en matière de santé, a dit au Globe que le recul du gouvernement est « extrêmement décevant » et représente un « cadeau de 6 milliards $ aux pharmaceutiques ».
C’est un « cadeau de 6 milliards $ aux pharmaceutiques ».
DON DAVIES DÉPUTÉ
Selon le Globe, en 2019, le gouvernement a admis que la population canadienne « n’en avait pas pour son argent » et que bien que les médicaments soient disponibles sur le marché canadien, seuls les « mieux nantis » peuvent se les payer.
Malgré ce revers, et le fait que le Budget fédéral 2022 ait peu fait mention du régime national d’assurance-médicaments, la Coalition canadienne de la santé va continuer à faire pression et revendiquer la mise en œuvre d’un régime national et universel d’assurance-médicaments, à payeur unique. Le Canada demeure le seul pays ayant un système public de soins de santé qui ne comprend pas l’assurance-médicaments.