Le régime d’assurance-médicaments au Québec n’est pas le modèle à suivre
Le Canada (par le fait même le Québec) est le seul pays développé dont le régime public de santé exclut encore aujourd’hui les médicaments d’ordonnance de la liste des services assurés.
Le Québec s’est doté, en 1997, d’un régime général d’assurance-médicaments qui permet la couverture de l’ensemble de sa population. Ce régime a un volet public et un volet privé. Selon la Loi sur l’assurance-médicaments du Québec : « Tout employeur ou association professionnelle offrant des assurances collectives doity inclure un régime privé d’assurance-médicaments; toute personne adulte ayant accès à un tel régime privé a l’obligationd’y adhérer et d’en faire bénéficier sa famille, le cas échéant; et toutes les autres personnes doivent obligatoirement souscrire au régime public d’assurance-médicaments via la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ) ».
La Loi sur l’assurance-médicaments a pour objectif d’assurer à l’ensemble de la population du Québec un accès raisonnable et équitable aux médicaments requis par l’état de santé des personnes. De plus, la participation financière qui leur est exigée doit tenir compte de leur situation économique. Cependant, selon la Coalition Solidarité Santé, le régime hybride public-privé québécois est inefficace, inéquitable et de plus en plus coûteux.
Selon Keith Newman, membre du conseil d’administration de la Coalition canadienne de la santé, « au Québec, les frais de franchise et de quote-part lors de la délivrance d’un médicament peuvent s’élever à près de 1 200 $ par année. Des milliers de Québécois.es se privent de leurs médicaments parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Le programme québécois est fragmenté et les Québécois.es paient les prix les plus élevés par personne parmi toutes les provinces canadiennes. »
Les constats et conclusions du Conseil consultatif fédéral sur la mise en œuvre d’un régime national d’assurance-médicaments sont clairs : « Cette mosaïque inégale, incohérente et précaire ne ressemble en rien à un système ». Ces couvertures d’assurance très fragmentées affaiblissent la position de négociation du Canada, et du Québec, auprès des entreprises pharmaceutiques et elles rendent très difficile, voire impossible, la gestion et le contrôle des coûts.
Selon Keith Newman, « le modèle québécois ne devrait pas être mis en œuvre au Canada. Ce programme coûterait cher aux patient.e.s et aux employeurs et excluerait des centaines de milliers de patient.e.s qui n’auraient pas les moyens de payer pour les médicaments dont ils ont besoin. De plus, un tel programme nuirait aux négociations du prix des médicaments qui permettent de les contrôler. C’est pourquoi, au sein de l’OCDE, le Canada paie les prix les plus élevés par personne pour ses médicaments. »
Il existe déjà un large consensus canadien et québécois en faveur d’un régime public universel d’assurance-médicaments. Au Québec, plus de 550 organisations et experts de la santé, représentant des centaines de milliers de citoyen.ne.s, réclament depuis plusieurs années la mise en place d’une assurance publique universelle.