Réduire les chirurgies et les imageries médicales inappropriées : Séries de solutions, partie X
Il s’agit de la dixième partie d’une série qui examine les obstacles politiques et solutions afin de réduire les temps d’attente en chirurgie au Canada. Les séries ont été adaptées d’un document de recherche par Andrew Longhurst. Le document au complet avec une liste de références pour les notes de bas de page est disponible ici.
Un rapport de 2017 de Choisir avec soin et l’Institut canadien de l’information sur la santé ont conclu que 30 pour cent des tests d’imagerie, procédures et thérapies pharmaceutiques à travers huit domaines de priorité ne sont potentiellement pas nécessaire.[117] Des avances technologiques ont contribué à la croissance d’imageries diagnostiques (par exemple, rayon X, IRM, tomodensitométrie). Dans plusieurs cas, l’imagerie médicale diagnostique est nécessaire pour les diagnostics. Cependant, de plus en plus d’éléments suggèrent que plusieurs tests d’imagerie ne sont pas nécessaires et peuvent créer des dommages inutiles et évitables pour les patients. Une étude en 2009 des États-Unis estime que 15 000 Américains perdront la vie chaque année de l’exposition aux radiations si les niveaux courants de tomodensitométrie continuent.[118] Basée sur une revue de huit études canadiennes, le partage d’examens inappropriés d’IRM est estimé de 2 à 28,5 pour cent, en grande partie parce que les méthodologies utilisées dans ces études varient.[119] Une approche nationale à la pertinence, appuyée avec de meilleures données et l’amélioration de la qualité des programmes, toute probable, réduirait l’imagerie médicale et les temps d’attente pour ceux avec des besoins urgents.
De plus en plus, nous reconnaissons que les interventions chirurgicales peuvent ne pas être toujours appropriées pour les patients. Les soins chirurgicaux sont appropriés lorsqu’ils sont basés sur la preuve et l’état de santé du patient. Des chirurgies inappropriées sont celles qui ne fournissent aucun avantage au patient, sont dangereuses, et peuvent entrainer la détérioration de la santé du patient. Il est possible de réduire le nombre d’interventions chirurgicales inappropriées en veillant à ce que les médecins soient encouragés à utiliser les meilleures données disponibles pour déterminer si une chirurgie est appropriée pour leur patient, et en impliquant et l’informant pleinement des avantages potentiels, des dangers et les résultats de la chirurgie. En d’autres mots, réduire des chirurgies inappropriées exige une évolution vers une prise de décision partagée entre les patients et les prestataires de soins de santé, avec des patients activement impliqués dans la décision de subir une intervention chirurgicale ou de poursuivre des thérapies non chirurgicales.
Les interventions chirurgicales habituelles et peu complexes, telles que la chirurgie de la cataracte et le remplacement d’articulations, présentent souvent de grandes variations cliniques. Ceci signifie que des patients avec des diagnostics semblables reçoivent différents traitements dépendamment de quand, où et par qui ils ont été traités, malgré les données cliniques sur le traitement optimal. Par exemple, une étude de 2002 de patients opérés de la cataracte en C.-B. a trouvé que 26 pour cent des patients ne rapportaient soit aucun changement ou une détérioration de la vue après une intervention chirurgicale.[120] L’étude s’est servie de mesures des résultats rapportés par les patients afin de fournir les perspectives des patients sur leur santé et la pertinence de l’intervention. Les mesures des résultats rapportés par les patients sont des enquêtes normalisées et validées, remplies de manière indépendante par les patients, généralement avant et après l’intervention chirurgicale. Ces données peuvent être utilisées afin d’identifier les variations qui entrainent des résultats médiocres, pour appuyer les cliniciens afin de faire les changements nécessaires dans leur pratique clinique, et pour informer les planificateurs des systèmes de santé où les efforts d’amélioration de qualité sont nécessaires.
Les données des mesures des résultats rapportés par les patients peuvent être utilisées dans l’élaboration « d’aides à la décision » imprimées ou électroniques ou de trousses d’outils en langage clair pour la considération d’intervention chirurgicale de patients. Dans une étude des États-Unis, « l’introduction des aides à la décision fut associée à une baisse de 26 pour cent d’intervention chirurgicale de remplacements de hanche, une baisse de 38 pour cent de remplacements de genou et une baisse de 12-21 pour cent des coûts sur une période de six mois. »[121] En d’autres mots, les patients qui ont reçu une aide à la décision furent moins portés de choisir l’intervention que ceux qui ne l’avaient pas. Les aides à la décision peuvent aider les patients à faire des choix pleinement informés à avoir si l’intervention chirurgicale est le meilleur choix pour eux, prenant en considération leur santé et leurs préférences de style de vie.
Adresser la pertinence à travers l’usage des mesures des résultats rapportés par les patients, les aides à la décision et le partage de décision peut réduire les coûts des soins de santé publique en réduisant la demande globale pour des procédures inappropriées. La collecte des résultats rapportés par les patients et leur utilisation pour soutenir les efforts d’amélioration de la qualité suscitent de plus en plus d’intérêt.[122] Le Canada s’est engagé relativement tard dans le débat sur la pertinence des mesures.[123] Cependant, une dynamique croissante de la campagne Choisir avec soin et de la collecte pancanadienne des mesures des résultats rapportés par les patients – à commencer par les normes nationales pour les prothèses de la hanche et du genou – est encourageante.[124] En fin de compte, Choisir avec soin et la collecte des mesures des résultats rapportés par les patients doivent être utilisés de manière systématique et routinière par les cliniciens et les administrateurs des systèmes de santé afin de réduire les variations cliniques inutiles et d’améliorer la sécurité et la qualité des soins.
- Lire la suite de la série Solutions d’Andrew Longhurst, une série de 11 articles sur les moyens de réduire les temps d’attente en chirurgie au Canada.
Traduction par le Syndicat du Nouveau-Brunswick
[117] ISIS, 2017; Grant, 2017.
[118] Berrington de Gonzalez et al., 2009.
[119] Vanderby et al., 2015.
[120] Wright et al., 2002.
[121] Arterburn et al., 2012, p. 2094.
[122] La gouvernance clinique est une approche systématique du maintien et de l’amélioration de la qualité des soins aux patients. Elle nécessite un travail continu et structuré de la part des administrateurs du système et des prestataires de soins de santé, ancré dans l’utilisation des données et la prise de décision partagée avec le patient. Pour être efficace, elle ne doit pas être imposée d’en haut. Il doit favoriser une culture de l’apprentissage et de l’amélioration dans laquelle les cliniciens sont aidés à faire leur meilleur travail en s’appuyant sur des données concrètes. Pour une étude de cas sur la gouvernance clinique et l’amélioration de la qualité en Écosse, voir Haraden et Leitch (2011).
[123] Lewis et Sullivan, 2013a, p. 4.
[124] ICIS, 2019a.