Des stratégies de politiques pour réduire les temps d’attente du public : Séries de solutions, partie VIII
Il s’agit de la huitième partie d’une série qui examine les obstacles politiques et solutions afin de réduire les temps d’attente en chirurgie au Canada. Les séries ont été adaptées d’un document de recherche par Andrew Longhurst. Le document au complet avec une liste de références pour les notes de bas de page est disponible ici.
Les temps d’attente sont causés par l’inadéquation entre les patients sur des listes d’attente (les demandes) et la capacité basée sur l’organisation courante du personnel et service (approvisionnement). Les attentes pour des chirurgies prévues (par exemple, non urgentes) existent dans tous les pays; elles sont influencées par les démographies de la population, le financement du système de soins et la gérance, et l’organisation de services. Les systèmes de soins de santé qui dépendent fortement du financement privé, tel que les États-Unis, ne fournissent pas d’accès équitable.[95] Aux États-Unis, il y a encore des temps d’attente. Ils sont tout simplement déterminés par la capacité de payer et l’accès à l’assurance, laissant certains entièrement sans soins.
Les stratégies pour augmenter la capacité du secteur public doivent être mises en œuvre avec une vision à long terme. Le financement à court terme pour la capacité supplémentaire temporaire est peu probable de réduire les temps d’attente à long terme.[96] Les provinces canadiennes se sont concentrées largement sur des injections de fonds à court terme – avec une large concentration sur la sous-traitance des chirurgies et imageries médicales aux cliniques à but lucratif – au lieu de se concentrer sur un niveau de remaniement du système et l’amélioration.
Les modèles à entrée unique et la gestion améliorée de temps d’attente
Les temps d’attente peuvent être réduits si au lieu d’être transmis à un chirurgien spécifique, les patients sont recommandés à un modèle à entrée unique. Les modèles à entrée unique (MEUs) inclus généralement la réception centralisée des dossiers des prestataires de soins primaires (ou l’autoréférence, si nécessaire), la mise en commun des références/la liste d’attente au sein d’une équipe de chirurgiens et le triage en fonction de l’urgence et de la pertinence. Le prestataire primaire du patient l’oriente vers le MEU (composé de chirurgiens et autres prestataires, si nécessaire); si le patient est un candidat à la chirurgie, la référence est ensuite triée basée sur la condition et l’urgence au chirurgien avec la liste la plus courte qui possède la plus grande expertise nécessaire. Si le patient n’est pas un candidat à la chirurgie, il peut être orienté vers des soutiens spécialisés et des thérapies non opératoires. Dans le domaine de l’orthopédie, par exemple, un physiothérapeute spécialement formé peut procéder à l’évaluation initiale et au triage en vue d’une candidature à une intervention chirurgicale ou d’un traitement non chirurgical.
Dans de nombreuses régions du pays, les prestataires de soins primaires orientent les patients vers des chirurgiens spécifiques qui ont leur propre liste d’attente pour des consultations et chirurgies. Il n’y a souvent pas de gestion centralisée ou de surveillance de ces listes d’attente par les hôpitaux ou les régies de santé.[97] Cela crée des inégalités dans les temps d’attente alors que des patients peuvent attendre plus longtemps que d’autres. Par contraste, les MEUs minimisent le nombre de listes d’attente et balance la charge de travail, assurant que chaque chirurgien a un travail régulier. Ceci peut réduire de manière importante les longues listes de patients qui sont souvent communs avec les chirurgiens principaux et assure également que les chirurgiens plus jeunes peuvent fournir les chirurgies plus rapidement. La satisfaction du patient et du prestataire est haute chez les MEUs et ils peuvent aussi réduire les charges administratives avec les soins primaires qui est également mis à rude épreuve.[98]
Suivant la mise en œuvre d’un MEU parmi des urologues en Saskatchewan, par exemple, il se trouvait une réduction de 50 pour cent de temps d’attente dans les groupes qui avaient adopté le modèle à entrée unique.[99] Ces pratiques ne préviennent pas les patients de voir un spécialiste de choix ou ne préviennent pas les patients avec des besoins plus urgents d’être priorisés.[100] Des améliorations au temps d’attente semblable ont été vues avec le Vancouver Osteoarthritis System Integration Service, le Winnipeg Central Intake System, à travers le Canada et à l’internationale.[101] Les preuves montrent les réductions des temps d’attente en se servant de MEUs sont les plus importantes dans toutes les spécialités pour les références chirurgicales.[102]
Une partie clé des MEUs est l’amélioration de gestion des temps d’attente, qui comprend minimiser le nombre de listes d’attente, égaliser la grosseur des listes d’attente entre les chirurgiens dans chaque spécialité chirurgicale, et une vérification régulière des listes d’attente pour assurer que les patients sur les listes d’attente ont réellement besoin de chirurgie. Ceci signifie que le personnel des régies de santé vérifie régulièrement pour assurer que les patients sur la liste attendent effectivement pour une chirurgie. Il s’agit d’une variation considérable à savoir comment chaque liste d’attente est gérée par différents chirurgiens, et plusieurs bureaux de chirurgiens ne font pas la vérification de leurs listes. Dans certains endroits, les chirurgiens sont alloués du temps dans la salle d’opération basé sur la longueur de leur liste d’attente, se qui créer une incitation perverse d’ajouter des noms de patients à la liste même si la chirurgie n’est pas nécessaire. Les MEUs sont le plus efficace lorsque les listes d’attente sont gérées par les régies de santé au lieu des cabinets de chirurgiens individuels.
Dans le cadre de la rémunération à base d’honoraires, un obstacle à la mise en œuvre du modèle à entrée unique est la perception entre les certains chirurgiens que l’administration des régies de santé des listes d’attente impactera négativement leur salaire. Cette inquiétude n’est pas confirmée dans la pratique, mais parle des barrières d’une livraison plus efficace sous un modèle de rémunération à base d’honoraires.[103]
Soins en équipe : important au succès des modèles à entrée unique
Accès en temps voulu aux traitements et la satisfaction s’améliorent lorsque les professionnels de soins de santé travaillent ensemble en équipe multiprofessionnels en utilisant le modèle à entrée unique.[104] Dans un commentaire dans le journal de l’Association médicale canadienne, Dr David Urbach et Dr Danielle Martin déclarent que les modèles à entrée unique sont « une approche efficace, équitable et éthique afin d’adresser une demande comprimée de chirurgies en cas de ressources limitées. »[105] La livraison de soins en équipe à travers d’un modèle à entrée unique est plus rapide, consistante et appropriée. Il y a aussi des preuves d’amélioration d’indicateur de qualité pour les remplacements des articulations.[106] Cela élimine aussi des étapes et retards qui ne sont pas nécessaires, particulièrement lorsque les professionnels de soins de santé sont appuyés pour travailler dans le cadre de leur pratique complète. Ceci libère du temps pour que les chirurgiens puissent effectuer des chirurgies supplémentaires et consulter avec les patients qui sont en effet des candidats possibles à la chirurgie.
Des équipes multidisciplinaires peuvent aussi fournir de la formation afin d’aider les patients à gérer leurs conditions, et expliquer les avantages et risques de la chirurgie. Des modèles fondés sur le travail d’équipe facilitent des références à d’autres services de santé si nécessaire. Les patients peuvent être mieux informés concernant leur traitement et peuvent savoir de quoi s’attendre au long de leur parcours. Le modèle fondé sur le travail d’équipe aide aussi à mieux préparer les patients pour leur chirurgie avec une concentration à maintenir leur état de santé. Cela peut entrainer une réduction d’annulations de chirurgies d’hôpitaux, car les patients sont plus en bonne santé et mieux préparés pour leur chirurgie. Cela peut aussi entrainer des temps d’attente moins longue, l’usage plus efficace de capacité existante et des coûts plus bas par cas de chirurgie. Les modèles fondés sur le travail d’équipe aident à assurer la consistance de soins et réduisent les interventions chirurgicales inappropriées. Ces modèles sont utilisés à des degrés divers pour certaines conditions à travers le pays.[107]
- Lire la suite de la série Solutions d’Andrew Longhurst, une série de 11 articles sur les moyens de réduire les temps d’attente en chirurgie au Canada.
Traduction par le Syndicat du Nouveau-Brunswick
[95] Tolbert et al., 2020.
[96] Kreindler, 2020, p. 11.
[97] Les soins en oncologie (cancer) et en cardiologie (cœur) sont souvent des exceptions.
[98] Milakovic et al., 2021.
[99] Ron Epp, directeur, priorités stratégiques, ministère de la Santé de Saskatchewan, 2015, cité dans Longhurst et al. (2016, p. 32). Cependant, la réduction de temps d’attente dépend du montant de la capacité au sein du groupe de spécialité et les variations de temps d’attente parmi les chirurgiens dans ce groupe avant l’adoption de la prise en charge centralisée et la mise en commun.
[100] Dr. Kishore Visvanathan, urologue, 2015, cite dans Longhurst et al. (2016, p. 32).
[101] Camapagna-Wilson et al., 2021; Demani et al., 2019; Longhurst et al., 2016; Milakovic et al., 2021; Vo et al., 2022.
[102] Milakovic et al., 2021.
[103] Urbach & Martin, 2020.
[104] Milakovic et al., 2021.
[105] Urbach & Martin, 2020, p. 1. La prise en charge centralisée, la mise en commun de références, et les parcours de soins basés sur le travail en équipe sont souvent désignés collectivement comme des modèles à entrée unique.
[106] Demani et al., 2019.
[107] Sunnybrook Health Sciences Centre, 2013; Toronto Central LHIN, 2014; Longhurst et al., 2016, 34-36; Lopatina et al., 2017, 964; la régie de santé de la Nouvelle-Écosse, 2020.